Avec ou sans Covid, le climat n’attend pas
Vendredi 19 mars, des centaines de jeunes se sont mobilisés à Lille pour lutter contre le changement climatique. Cette mobilisation faisait suite à un appel lancé par le mouvement Youth for Climate dans toute la France.
Alors que débutera demain les débats à l’Assemblée du projet de loi sur le climat, ce dimanche, des dizaines de milliers de manifestants se sont mobilisés dans toute la France pour réclamer une « vraie loi Climat ». Une semaine plus tôt, dans la capitale des Flandres, ce sont plus de 200 jeunes qui ont manifesté dans les rues, scandant leur désarroi face à l’inaction gouvernementale quant à la situation climatique. “Changeons le système, pas le climat”, “Bouffe mon clito, pas ma planète”, “Sans pétrole, la fête est plus folle”, des slogans plus inventifs les uns que les autres étaient scandés avec ferveur par les manifestants lillois.
À quelques semaines des élections régionales, l’intervention de Karima Delli, eurodéputée écologiste en tête de la gauche, a marqué les militants. Dans une prise de parole sur la place de la République, elle invitait notamment à “faire la révolution écologique” au lieu de l’attendre.
Sous des allures de fête, une marche qui porte un message fort
Les militants interviewés s’accordent tous pour dire que l’ambiance était à la fête. Jules, un manifestant engagé pour l’écologie sociale et populaire, décrit une marche “festive et joyeuse”, qui permet selon lui de trancher avec l’urgence et la gravité de la situation. Étant un fidèle des marches pour le climat, il décrit ces initiatives comme “un regain d’énergie indispensable à [son] engagement militant”.
À quelques heures du début du confinement dans la région Hauts-de-France, manifester leur mécontentement face au manque d’action du gouvernement semble primordial pour les militants qui formaient le cortège. D’après Eugénie, étudiante en licence d’histoire, c’est précisément maintenant qu’il faut manifester. Il est “d’autant plus important en temps de Covid de manifester contre les mesures antisociales et climaticides de l’exécutif« , ajoute Jules.
Du côté des motivations, cette marche prend des allures de sonnette d’alarme. Sarah, étudiante en licence de sciences politiques, exprime ses craintes quant à l’avenir de la planète : “Je ne suis que locataire de cette maison universelle, et j’ai l’impression qu’on n’en prend pas assez soin.” Eugénie renchérit : “J’ai dix-huit ans, et toute ma vie devant moi. Le climat, la planète, c’est la base de tout.” C’est donc un sentiment général d’angoisse face à l’avenir qui a poussé les jeunes lillois à descendre dans les rues.
Mais Lille n’était pas la seule ville à voir la jeunesse se mobiliser pour le climat. Vendredi 19 mars 2021, c’est dans tout l’Hexagone que des slogans comme “Les calotes sont cuites” ou “Ma jeunesse sacrifiée. Mon avenir : +7 degrés” ont été scandés. Au total, plusieurs milliers de personnes ont répondu à l’appel de Youth for Climate et se sont rassemblées aux quatre coins de la France.
Même mouvement, mêmes revendications
À Lille, donc, mais aussi à Brest, Lyon, Rouen, Toulouse, Annecy, Strasbourg ou encore Paris, les manifestants ont réclamé des mesures concrètes contre le changement climatique et ont dénoncé la précarité des jeunes. Dix-huit mois après la dernière marche pour le climat, le mouvement Fridays for Future initié par Greta Thunberg est loin de s’être éteint.
Du côté des revendications, pas de réel changement : plus d’actions de la part des dirigeants pour endiguer la catastrophe climatique. Car même si les États-Unis de Joe Biden ont réintégré l’accord de Paris le 19 février 2021, l’effort devra être collectif et à la hauteur de l’enjeu. En effet, la pandémie de Covid-19 a engendré une baisse des émissions de gaz à effet de serre. Cependant, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) prévient : cette diminution aura un effet “négligeable” sur le dérèglement climatique avec seulement 0,01 degré de réchauffement évité d’ici 2050. Les estimations des experts onusiens restent alarmistes et prévoient une hausse de 3,2°C d’ici la fin du siècle, et ce, même si les accords de Paris étaient respectés. Un constat donc loin des 2°C visés par les signataires.
Les glaciers continuent de fondre, le niveau des océans continue de monter, la faune et la flore impactées par ces changements sont toujours en danger. Toutes ces raisons, ajoutées à celles liées de la précarité, poussent la jeunesse à s’emparer de la rue. Cette mobilisation montre que malgré l’urgence et la gravité de la situation environnementale, les militants ne perdent pas espoir et entendent bien obtenir des mesures concrètes.
Le 10 mars dernier, l’inscription de la notion de “lutte contre le dérèglement climatique” dans l’article premier de la Constitution a été votée par l’Assemblée nationale. Reste toujours à savoir si des mesures concrètes en découleront prochainement, et d’autant plus si ces actions seront suffisantes.