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Débat mouvementé entre les jeunes représentants des candidats à la présidentielle #1

Débat mouvementé entre les jeunes représentants des candidats à la présidentielle #1

Débat des jeunes #2 APEL 17/01/2022

L’APEL (Association parlementaire étudiante de Lille) a organisé le 17 janvier, sur le campus Moulins de l’Université de Lille, le deuxième volet du débat des jeunes. Pierre Verquin, Octave Delepiere, Rémi Krzykala et Mathilde Leconte Duchange, représentant respectivement Fabien Roussel (PCF), Yannick Jadot (EELV), Valérie Pécresse (LR) et Eric Zemmour (Reconquête), ont confronté les idées de leur candidat à la présidentielle pendant 2H30, devant un public impliqué.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, chaque intervenant a présenté en deux mots le candidat à la présidentielle qu’il représente. Pierre Verquin, applaudi par un public qui lui était plutôt favorable, en profite pour rappeler l’histoire du Parti communiste français. C’est ensuite au tour d’Octave Delepiere de vanter la “République écologiste” voulue par Yannick Jadot, le candidat d’Europe Ecologie Les Verts. S’il est accueilli chaleureusement par le public, ce n’est pas le cas de Rémi Krzykala présent pour le parti Les Républicains, qui serait, pour lui, la “seule alternative” à Emmanuel Macron. Vient ensuite le tour de Mathilde Leconte Duchange, huée par la foule, qui représente Reconquête, un parti créé en décembre 2021 par Eric Zemmour pour “sauver la France qui est en danger”.

Des divisions sur la situation des étudiants

Pour lancer les hostilités sur le thème de la précarité étudiante, les animateurs du débat rappellent qu’un “étudiant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté”. Le représentant de Valérie Pécresse présente les différentes propositions de la candidate pour pallier ce problème. Elle voudrait augmenter le nombre de logements, revaloriser les APL (aide au logement) sur le principe de la “méritocratie” (contrat d’assiduité aux cours et aux examens) et créer des tickets-resto étudiants qui seraient pris en charge à 50% par l’État. La réaction des représentants du PCF et des Verts est immédiate : ce programme revient à “abattre le service public” (P. Verquin) et la “méritocratie est souvent synonyme de classes favorisées” (O. Delepiere). Ils proposent plutôt d’améliorer la qualité du service public – et notamment du Crous – et refusent de se baser sur le mérite au nom des inégalités de capital culturel et économique avec lesquelles chacun démarre dans la vie.

“Les grandes écoles créent une classe de dominants qui agissent comme des prédateurs sur nos ressources planétaires” – Octave Delepiere, jeune représentant d’EELV.

La tension est encore montée d’un cran quand est venue l’heure d’aborder les inégalités entre “grandes écoles” et universités. Le représentant des Verts défend “l’accès à la formation libre pour tous” et dénonce la formation par les grandes écoles d’une “classe de dominants qui agissent comme des prédateurs sur nos concitoyens et concitoyennes et nos ressources planétaires”. P. Verquin, partant du même constat, propose d’empêcher les écoles de décider de manière discrétionnaire de leurs modalités d’inscription pour éviter de “créer une élite avec des frais d’inscription délirant !”. Il souhaite que chacun puisse choisir sa formation et sa spécialité et veut donc rattacher les spécialités des grandes écoles à la fac pour les rendre accessibles à tous.

“Un étudiant qui cherche à se surpasser sera plus méritant. On est seul face à sa copie” – Rémi Krzykala, jeune représentant des Républicains.

Même si le représentant de la droite se dit d’accord avec ses interlocuteurs sur le manque de moyens à l’université, il préconise de conserver la sélection à l’entrée des grandes écoles. Il pense d’ailleurs qu’elles restent accessibles à tous, en tout cas à tous ceux qui en ont le “mérite”. Pour lui, “un étudiant qui cherche à se surpasser sera plus méritant.” “On est seul face à sa copie” donc tout le monde se retrouve sur un pied d’égalité. Mathilde Leconte Duchange, elle aussi favorable à la sélection, rebondit en critiquant la “discrimination positive” en faveur des élèves boursiers dans les classes préparatoires soumises à des quotas. “Ce n’est pas un droit d’étudier dans une grande école, c’est au mérite” que cela doit se faire pour la représentante d’Eric Zemmour. Pour elle, il faudrait plutôt améliorer et moderniser l’université afin de “rendre à la France sa grandeur”. Une dernière phrase qui fait réagir le public et le représentant du PCF pour qui la “méritocratie n’existe pas aujourd’hui”.

La sélection à l’entrée des universités ?

Le débat a évidemment été aussi vif sur les questions d’enseignement et de sélection en études supérieures. Si tous s’accordaient sur le manque de professeurs et de places à l’université, ils ont continué de s’écharper quant aux solutions à apporter. L’écologiste, O. Delepiere, propose de donner plus de moyens pour recruter des professeurs et améliorer la qualité de l’enseignement. La représentante d’Eric Zemmour, elle, accuse l’abaissement du niveau du Bac d’être responsable des “amphis bondés”. Le système serait surchargé car on laisserait la possibilité à trop d’étudiants de faire des études supérieures. La zemmourienne et le Républicain, qui se retrouvent sur ce point, prônent une sélection à l’entrée de l’université fondée sur le “mérite”.

“Il faut cesser de considérer qu’on doit être plus compétitif. L’enseignement doit être un droit pour tout le monde” – Pierre Verquin, jeune représentant du PCF.

Sur le sujet de Parcoursup et de TrouverMonMaster (la nouvelle plateforme permettant la sélection à l’entrée en Master), le débat est le même. Les représentants des Républicains et de Reconquête recommandent la sélection, même s’ils critiquent les plateformes mises en place par le gouvernement actuel. Les représentants du PCF et des Verts, eux, préconisent l’accès à tous à l’enseignement supérieur. Le représentant de Fabien Roussel exige la suppression de Parcoursup et de toute forme de sélection à l’entrée des universités. “Il faut cesser de considérer qu’on doit être plus compétitif. L’enseignement doit être un droit pour tout le monde” clame-t-il. Il propose “un vrai plan de redressement des universités” pour que tout le monde puisse y avoir accès sans que la place manque.

De son côté, Mathilde Leconte Duchange critique aussi Parcoursup, mais parce que son “système favorise les boursiers”, dans un contexte de “surnotation” dans certaines écoles qui fausse la sélection. Elle en profite pour citer son candidat : “Un 16/20 à Bobigny c’est un 8/20 à Henri IV”. Pour le représentant LR, il y a des changements à faire sur Parcoursup, tels que la mise en place de critères transparents et une sélection basée sur la méritocratie. Un sujet de prédilection de R. Krzykala qui suscite encore une fois la désapprobation du public présent. “Il faut entrer dans la compétition car sinon les entreprises vont partir à l’étranger”, explique-t-il.

Les candidats face aux questions du public

La deuxième partie de ce débat, bien encadré mais avec un public agité, était consacrée à des questions adressées à nos jeunes politiciens. P. Verquin se voit ainsi questionné sur le manque de vision internationale dans le programme de Fabien Roussel, alors que le PCF “repose, dans son fondement, sur l’idéologie marxiste et l’Internationale communiste”. Il se défend alors de ne pas porter de lutte internationaliste et rappelle que le “PCF est français” et défend donc les travailleurs français, d’autant plus dans le cadre d’une élection nationale. Il revient également sur la polémique concernant les propos de Fabien Roussel sur la gastronomie française. Ce dernier voulait exprimer son souhait que tous les Français aient le salaire permettant d’y accéder. “Le PCF défend les travailleurs français […] et l’industrie française donc oui on peut dire que nous sommes patriotes”, affirme le jeune communiste qui se dit fier des “acquis sociaux obtenus” par son parti.

Les animateurs demandent ensuite à la représentante de Reconquête ce qu’elle pense du combat pour les droits des femmes. Un échange tendu s’est ensuivi avec un public engagé. Elle a tenu à préciser que “Eric Zemmour n’est pas un candidat misogyne”. Elle étaye les propos de son candidat sur le pouvoir et les femmes tenus dans son livre Le Premier sexe. “Le sexe féminin renvoie à des caractéristiques et des qualités éloignées du pouvoir”, voilà pourquoi Zemmour écrivait que le pouvoir “s’évapore dès que les femmes arrivent”. Cependant, elle précise que “certaines femmes sont faites pour commander, et en ça elles incarnent des valeurs davantage masculines”. Sur ces paroles, la réaction du public est vive et O. Delepiere en profite pour évoquer les accusations de violences sexuelles à l’encontre d’Eric Zemmour. Une personne du public tient alors à rappeler la présomption d’innocence. Le représentant LR demande à recentrer le débat sur les idées des candidats et non sur “de supposées agressions sexuelles”.

“Certaines femmes sont faites pour commander, d’autres pas” – Mathilde Leconte Duchange, jeune représentante de Reconquête.

C’est au tour du représentant écologiste d’être passé sur le gril. Attaqué sur la dimension libérale du programme de son candidat, il répond que “Jadot n’est pas un Macron écologiste”. Il explique que les Verts veulent une “approche globale au niveau de l’Union européenne […] pour en finir avec cette prédation sur la nature”. “Le programme des Verts est anti-libéral”, conclut-il. Ce à quoi son homologue communiste lui oppose qu’on ne peut pas être européen et anti-libéral. Pour l’écologiste, il ne faut pas quitter l’UE mais la changer.

R. Krzykala s’est lui expliqué sur les fondements du système méritocratique voulu par la droite. Une personne du public pointe notamment l’obligation pour certains jeunes de travailler à côté de leurs études, leur laissant ainsi moins de temps pour s’investir dans leurs études. Pour éviter cela, Valérie Pécresse veut faciliter et développer les prêts étudiants afin que ces personnes n’aient plus besoin de travailler pendant leurs études. Puis, à une question sur le laxisme de la justice, le jeune Républicain en profite pour exiger que les peines “des violeurs comme des petits délinquants” soient appliquées. Sa candidate propose d’ailleurs de remettre en place les peines planchers.

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