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Get Rich or Die Tryin’, les 20 ans d’un classique

Get Rich or Die Tryin’, les 20 ans d’un classique

Le 6 février 2003, la bombe Get Rich or Die Tryin’ est larguée par 50 Cent. Blockbuster par excellence, l’album provoque l’un des raz-de-marée les plus puissants jamais vus dans le hip-hop. Succès commercial sans précédent, succès critique instantané, certifié classique sans la moindre contestation, Get Rich or Die Tryin’ fête aujourd’hui ses 20 ans.

Dans le rap, ils sont quelques artistes à avoir fait exploser les frontières entre musique urbaine et musique pop. En 2003, le rap est déjà le style de musique n°1 aux États-Unis. À l’âge d’or que représentent les années 90, ont succédé les Jay-Z, Outkast et autres Eminem, qui participent à maintenir la domination du hip-hop. Mais la mort de 2Pac, notamment, a laissé le trône du gangsta rap vacant. Face à ceux qui se plaignaient de cette édulcoration, 50 Cent et son premier album Get Rich or Die Tryin’ apparaissent comme une cinglante réponse, proposant un rap violent qui renoue avec le succès.

La création d’une attente historique

Lorsqu’il signe chez Shady Records en 2002, 50 Cent rappe depuis six ans déjà. Eminem et Dr. Dre voient en lui un potentiel que leur savoir-faire et leur expérience sauront faire exploser. Tout est mis en place pour faire de Fifty la nouvelle superstar du rap. Aftermath, label fondé par Dre, et maison-mère de Shady Records, règne déjà sur la West Coast, depuis l’album légendaire 2001.

Eminem touche une partie de l’ « Amérique blanche », et son statut de popstar n’est plus à prouver. Reste à toucher l’épicentre du rap : New York. Ici apparaît la position stratégique de 50 Cent dans l’approche expansive de l’empire Aftermath. Le produit que représente le rappeur est mis en avant en amont sur la B.O du film 8 Mile d’Eminem, avec son morceau Wanksta.

La hype monte, le buzz de Fifty atteint des sommets. AllMusic, qui établit des statistiques de l’industrie musicale, avance même qu’aucun rappeur n’a créé autant d’attente autour de son premier album depuis Snoop Dogg et son classique Doggystyle, dix ans auparavant. Le 6 février 2003, Get Rich or Die Tryin’ sort enfin, et le succès ne se fait pas attendre : 872.000 copies vendues en quatre jours, une première place au Billboard 200, un hit planétaire… C’est un raz-de-marée, Fifty marque le rap de son empreinte, se faisant une place aux côtés des plus grands.

Pin à l'effigie de 50 Cent
Pin “What Up Gangsta” à l’effigie de 50 Cent © Dennis Douven

La formule imparable

What Up Gangsta, qui introduit l’album, annonce la couleur, et s’inscrit parfaitement dans l’esthétique imposée par la cover. Saluant à la fois Bloods et Crips, Fifty s’auto-proclame nouveau représentant du gangsta rap, avec un morceau qui mêle violence et bounce efficace, à l’image de la suite. Par ailleurs, afin de convaincre les passionnés de longue date, le rappeur Big Daddy Kane, légende des années 80, est samplé et on retrouve dans le projet des références à plusieurs anciens, de Run D.M.C à Snoop Dogg.

Une fois la gifle de l’introduction infligée, 50 Cent et son mentor, Eminem, détruisent une instrumentale… d’Eminem ! Ce dernier délivre un couplet stratosphérique, avec l’aisance qui le caractérise à cette époque. L’album se poursuit avec Many Men, morceau qui narre un tournant dans la vie du rappeur : le 24 mai 2000, il est touché par neuf balles à New York, dont deux dans la mâchoire. Fifty sort miraculeusement vivant de cet épisode, raconté en détail dans le film Get Rich or Die Tryin’ (2005). L’émotion qui se dégage du morceau en fait une pièce centrale de sa discographie : il sera repris par plusieurs rappeurs, Pop Smoke ou 21 Savage par exemple. Ce début d’album tonitruant est à l’image de la suite : aucun moment pour respirer, seize titres, seize ogives.

50 Cent, le hitmaker

Depuis The Chronic (1992), Dr Dre et ses disciples ont toujours eu le goût du tube. Cette habileté à créer des morceaux qui dépassent les frontières du rap se ressent par exemple sur 2001 ou sur les différents albums d’Eminem. Mais elle s’est rarement autant manifestée que sur Get Rich or Die Tryin’. Car si le projet en est aujourd’hui à huit disques de platine, c’est d’une part en raison de sa qualité et de la puissance qui s’en dégage, et d’autre part grâce aux tubes qui l’ont porté commercialement.

If I can’t et 21 Questions se démarquent premièrement, l’un par sa bounce typique de Dr Dre, l’autre par ses sonorités R&B assumées et maîtrisées, harmonisées par la participation du rappeur-chanteur par excellence, Nate Dogg. P.I.M.P est le prototype-même du morceau que tout le monde connaît, sans jamais l’avoir écouté : l’instrumentale de Mr. Porter est si efficace que le morceau semble tout simplement imparable. Troisièmement et surtout, In da Club, dont les 1,6 milliards de vues sur YouTube en font l’un des dix clips de rap les plus visionnés, continue, 20 ans après, d’ambiancer les clubs, aux États-Unis comme en Europe.

50 Cent en concert en 2007 à Pristina, Kosovo
50 Cent en concert en 2007 à Pristina, Kosovo © Alex Const

Fifty appartient à cette catégorie de rappeurs qui ont imposé le rap dans les boites de nuit, sans trahir leur identité complètement urbaine et ce par une démarche aussi bien artistique que commerciale. C’est aussi cette présence de morceaux à portée planétaire qui a fait la puissance du projet, et qui a créé l’impact qu’on lui connait aujourd’hui.

Le game changer

Get Rich or Die Tryin’ fait partie de ces albums “game changer“, qui scindent un avant et un après leur sortie. Fifty a largement participé à l’évolution que le rap a connu dans ces années 2000, en imposant les codes qui, aujourd’hui, sont les grands clichés du rap : grosses voitures, femmes nues dans les clips et mise en avant d’un mode de vie opulent permis par un argent obtenu de manière plus ou moins légale. Fifty se sexualise lui-même, en se mettant en avant sur la cover et dans ses clips. C’est cette esthétique qui fera la norme dès 2003, et cet album qui aura imposé les nouveaux codes qui marchent, musicalement et visuellement. 20 ans plus tard, ce statut de “game changer” reste incontesté.

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