Législatives 2022. Adrien Quatennens lance sa campagne de réélection dans la première circonscription du Nord

Devant près de trois cent sympathisants, le député La France insoumise, Adrien Quatennens, a lancé sa campagne de réélection à Wazemmes. Dans une première circonscription du Nord qui lui semble acquise, il a de grandes chances de l’emporter.

La petite salle Philippe Noiret de Wazemmes est bondée et surchauffée ce jeudi 5 mai. Une foule bigarrée est venue écouter Adrien Quatennens, sa nouvelle suppléante Lahouaria Addouche et leurs soutiens. Les militants locaux se succèdent au micro, témoignant de l’important maillage du parti dans la métropole lilloise. Le maire LFI de Faches-Thumesnil, Patrick Proisy, est aussi de la partie. Lui qui a su associer différentes listes de gauche pour diriger sa ville, exemplifie l’union populaire prônée par les Insoumis. À un mois des élections législatives, c’est l’avenir de la gauche qui se joue. 

Une campagne en terrain acquis ? 

La première circonscription du Nord est un exemple presque chimiquement pur de l’électorat de La France insoumise. La population est jeune, urbaine, souvent précaire. 41,8% des électeurs de cette circonscription ont choisi Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle. Adrien Quatennens parle d’un “bloc populaire” qu’il oppose au “bloc ultra-libéral” qui vote En Marche et au “bloc d’extrême droite” acquis au Rassemblement national. Mais si le profil sociologique de la circonscription lui semble favorable, Adrien Quatennens sait que la victoire ne lui est pas acquise. Son directeur de campagne, Aurélien Le Coq, rappelle qu’il “n’y a pas de campagne gagnée d’avance”. Il se souvient encore des législatives de 2017, quand le candidat Insoumis avait devancé son adversaire d’à peine cinquante voix.

Pour conserver ce siège à l’Assemblée nationale, La France Insoumise emploie une stratégie éprouvée par la présidentielle : aller chercher des voix là où les Français votent typiquement peu. Chez les jeunes par exemple, qui ont plébiscité Jean-Luc Mélenchon en avril dernier. Adrien Quatennens leur promet une “garantie d’autonomie de 1063 euros par mois” dès qu’ils sont fiscalement détachés de leurs parents.

Le député se targue aussi d’aller chercher les abstentionnistes. “Beaucoup [de figures politiques] ne se déplacent que dans les quartiers où l’on vote beaucoup. Nous, nous avons fait tout l’inverse”, se félicite le candidat. Cette préoccupation est incarnée par Lahouaria Addouche, qui deviendrait la suppléante d’A. Quatennens s’il était réélu. Avant de se lancer en politique, elle était travailleuse sociale à Itinéraires, une association lilloise qui œuvre dans les quartiers populaires, notamment pour prévenir le décrochage scolaire. La native de Moulins “aime créer du lien entre les institutions et les publics [qu’elle] accompagne”. En tant que suppléante, elle devra “représenter le député dans la circonscription” nous explique Agnès Pinson, qui a occupé ce poste de 2017 à aujourd’hui auprès d’Adrien Quatennens.

L’insoumission, de Wazemmes à Bruxelles 

Si les militants du parti insistent sur leur engagement local, Adrien Quatennens est conscient que les enjeux des élections ont une portée beaucoup plus large. Grâce aux accords passés avec les écologistes, les communistes et le Parti socialiste, LFI espère conquérir l’Assemblée nationale. Emmanuel Macron serait alors contraint de choisir un Premier ministre validé par la majorité de gauche : son leader quasi incontesté, Jean-Luc Mélenchon.

Cette union des forces progressistes s’est construite malgré de nombreux désaccords, notamment sur le rapport à l’Union Européenne. Adrien Quatennens regrette les “caricatures” sur la position du parti. “La sortie de l’Europe n’a jamais été au programme de la France Insoumise”, martèle-t-il. LFI souhaite toutefois révolutionner le fonctionnement de l’UE, dont les règles seraient actuellement “un obstacle aux ruptures que nous devons opérer”. A. Quatennens promet notamment de créer “un pôle public de l’énergie” et de “protéger nos agriculteurs quand nous ferons l’agriculture bio et locale”. Cela contreviendrait aux régulations européennes qui garantissent une “concurrence libre et non faussée”, sans intervention de l’État pour favoriser sa propre économie aux dépens des autres pays de l’Union. 

Mais désobéir aux régulations européennes pourrait causer une crise politique. La France pourrait être sanctionnée financièrement par Bruxelles ou subir des mesures de rétorsion de la part d’autres États. Si un pays refuse de respecter les règles, d’autres peuvent l’imiter, ce qui remettrait en question la cohésion de l’UE. Cependant, le député du Nord invoque “l’urgence écologique, politique et sociale” pour justifier son projet. “Évidemment, la bifurcation écologique se fera mieux à 27 [pays membres de l’UE, ndlr] , mais on ne va pas attendre que les 27 se mettent d’accord sur tout”, affirme-t-il.

Adrien Quatennens “assume le rapport de force” avec Bruxelles, promettant que “rien ne contreviendra au choix du peuple français“. Une rupture avec ce qu’ont longtemps prôné les écologistes et les socialistes, plus partisans de la négociation que de la désobéissance. Cette ligne pourrait éprouver l’étoffe même de la communauté européenne, tout en testant la solidité de l’union de la gauche.