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L’exposition “Les Sentinelles” à Tourcoing pour comprendre le monde arabe

L’exposition “Les Sentinelles” à Tourcoing pour comprendre le monde arabe

L’Institut du monde arabe (IMA) de Tourcoing accueille, jusqu’au 12 février 2023, une collection d’œuvres du Centre national des arts plastiques (Cnap). C’est une vingtaine d’artistes qui viennent exposer leurs travaux, afin de soulever les problématiques actuelles du monde arabe.

L’art pour capter l’instabilité politique, voilà ce qu’a voulu faire l’IMA de Tourcoing. Dans cette ancienne école de natation, les vingt-et-un artistes exposés s’érigent en sentinelles par leurs témoignages d’un présent troublé. Le spectateur est transporté, à travers cinq “foyers” thématiques, dans un monde tourmenté par les conflits et les contre-révolutions.

Un voyage au cœur du monde arabe

A peine entré, le visiteur voyage directement dans le monde arabe. L’ambiance chaleureuse de la première salle s’associe parfaitement au soleil du désert algérien. On suit d’abord le quotidien de Malika, propriétaire d’une petite boutique le long de la plus longue route d’Afrique, avant de découvrir les quartiers de Tunis et les occupations de ses habitants. Mais rapidement, l’atmosphère devient plus sombre. “Survies” ou encore “Transit” sont les noms donnés à deux des cinq salles d’exposition. Le thème s’impose directement.

Les œuvres prêtées par le Centre national des arts plastiques, mettent en lumière les difficultés et fractures sociopolitiques du monde arabe. Après avoir visionné le film du Collectif Abounaddara, décrivant l’évolution de la révolte syrienne, on se retrouve face à la volonté des populations d’échapper aux conflits. Dans la salle la plus sombre de toutes, ce sont des individus prêts à risquer leur vie pour fuir cette situation qui sont représentés.

L’image pour pénétrer le réel

Quoi de mieux qu’une nappe trouvée chez une Algérienne pour nous plonger dans son quotidien ? Les œuvres n’ont pas uniquement pour but de révéler ou décrire un événement, mais plutôt de raconter une histoire. Le spectateur, qui se balade entre films et photographies (parfois les deux en même temps), est plongé dans le regard de l’auteur et de ses sentiments. La subjectivité leur donne vie et, en plus de prodiguer un sentiment de sincérité, elle leur fournit une certaine humanité.

Pénétrer l’histoire, tel est l’effet recherché par les artistes. Dans une des salles, le visiteur est entouré par des écrans. Le film nous fait découvrir les fonds noirs de la mer. La caméra plonge, remonte, mais replonge de plus belle. Impossible, d’abord, pour le spectateur, de comprendre. Aucune unité, ni de lieu, ni de temps. L’obscurité et le silence de la salle viennent s’ajouter à l’angoisse de ne jamais réussir à remonter à la surface. Petit à petit, un bateau et des visages apparaissent dans notre champ de vision. On comprend alors que Se souvenir de la lumière devient la dernière chose que peuvent faire les noyés qui fuient leur misère en traversant la Méditerranée.

La réalité n’est jamais directement dévoilée. On la comprend. Alors qu’aujourd’hui nous sommes inondés d’images violentes, aucune des productions de la collection ne la montre explicitement. C’est par le jeu des sentiments et l’expression des inquiétudes de l’auteur qu’on prend conscience de l’agressivité.

Childhood Memories, Raed Bawayah
Childhood Memories, Raed Bawayah © Martin Kretowicz / Pépère News

Une lueur d’espoir pour sortir de l’obscurité

Les Sentinelles capture tout de même des quotidiens moins tristes que ceux évoqués précédemment. Dans son ensemble Childhood Memories, le Cisjordanien Raed Bawayah se remémore des souvenirs de son enfance. Malgré leurs situations économiques, les trois enfants photographiés ont l’air paisible, plein d’innocence. Après une visite soulevant les nombreuses problématiques du monde arabe, il est important pour le visiteur de comprendre qu’un autre quotidien existe.

Ce qui marque dans cette exposition, c’est l’idée d’espoir. Chaque travail affiche l’espoir d’éclairer le public sur le monde arabe, tiraillé entre conflits, difficultés économiques et révoltes. Mais c’est surtout l’espoir qu’ont les individus d’améliorer leur quotidien qui se dégage. La visite se clôture sur le lent lever de Soleil à Damas, prenant la forme d’une lueur d’espoir au milieu du chaos.

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