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Rassemblement pour la défense d’un droit fondamental : le droit à l’avortement

Rassemblement pour la défense d’un droit fondamental : le droit à l’avortement

Rassemblement droit à l'avortement

Durant ce rassemblement du 28 septembre, ils étaient plus de 200 personnes sur la place de la République à se retrouver afin de rappeler à tous l’importance du droit à l’avortement. Entre discours, lectures et discussions, c’était un bon moyen d’échanger sur un sujet qui reste fondamental. 

Aujourd’hui, partout dans le monde, de nombreuses femmes n’ont pas ou plus accès à l’avortement. La situation inquiète les défenseurs de ce droit. Véronique, militante du Planning familial, confie au Pépère News que les femmes qui veulent avorter souffrent en Pologne, en Hongrie, entre églises catholiques et mouvements d’extrême-droite. Il y a de grosses menaces  sur tous les droits sexuels et reproductifs, notamment l’avortement. Mais, quand c‘est le droit à l’avortement qui tombe, ce sont aussi les droits des personnes LGBT, c’est aussi l’éducation à la sexualité, c’est tout ce qu’il y a derrière.” Que ce soit aux États-Unis, en Hongrie, en Pologne, à Malte, en Équateur, au Salvador, au Pérou, etc., nombreuses sont celles qui luttent et en subissent les répercussions.

Un droit menacé ?

En France les militants s’accordent sur l’importance de la constitutionnalisation de ce droit. Mais les opinions convergent également sur le fait que cela ne serait pas suffisant. Plusieurs en ont témoigné, ce n’est pas un droit qui est acquis. Pour Laurette, militante au Planning familial, ce serait même le premier menacé dès que des gouvernements un peu autoritaires et traditionalistes vont arriver au pouvoir. C’est donc important de maintenir la pression sur les politiques pour montrer que ce n’est pas parce qu’on a acquis le droit à l’IVG qu’on va lâcher et  laisser régresser nos droits.” Citons ici le parti Frères d’Italie” de la probable future dirigeante italienne Giorgia Meloni, à qui le Pépère a récemment consacré un article. G. Meloni a notamment déclaré qu’elle souhaitait trouver des solutions pour permettre aux femmes de ne pas avorter, qu’elle veut favoriser le droit de ne pas avorter, cela pouvant être interprété comme une manière détournée d’annoncer qu’elle veut limiter l’accès à l’IVG.

Étudiante en licence de Sciences Politiques à Lille, Camille affirme qu’il faut continuer ce combat car c’est un droit qui a été acquis uniquement grâce à une lutte des femmes. Pour Emmanuelle Jourdan Chartier, présidente de la section lilloise de la Ligue des Droits de  l’Homme, une politique publique permettant de garantir un accès gratuit à ce droit sur tout le territoire mériterait d’être réalisée. Chaque année, ce sont 220.000 femmes qui avortent en France. Pourtant, de nombreuses difficultés subsistent. La présence d’une clause de conscience spécifique à l’IVG qui permet aux praticiens de refuser des soins pour des raisons personnelles ou professionnelles freine l’accès à ce droit.

Il y a également une régression du nombre de structures qui permettent l’accès à  l’avortement, que ce soit les centres d’IVG (selon le Planning familial, 130 auraient fermé leur porte en 15 ans) ou les établissements hospitaliers le pratiquant (45 ont clos entre 2007 et 2017 selon le Monde) par exemple. Les inégalités territoriales sont également à l’origine de nombreuses complications (rallongement des délais, coût et temps des transports). Toutefois, l’offre pour les IVG médicamenteuses (donc hors établissement de santé) ou par aspiration (dans les centres de santé) s’est accrue. En outre, de plus en plus de sages-femmes arrivent en libéral, c’est une bonne nouvelle même si leur nombre ne permet pas de combler la demande.

Giorgia Meloni, la probable future cheffe d'Etat italienne, est notoirement hostile à l'avortement © Francesco Ammendola(Wikimedia Commons), le 22 août 2019
Giorgia Meloni, la probable future cheffe d’Etat italienne, incarne l’influence du mouvement anti-avortement en Europe © Francesco Ammendola (Wikimedia Commons), le 22 août 2019

Une lutte solidaire

Laurette maintient qu’il faut renforcer la formation des soignants. Certains conservent encore un discours culpabilisant, jugeant ces femmes. D’autres désireraient pouvoir pratiquer des IVG (notamment médicamenteuses) mais sont freinées par les démarches administratives et finissent par renoncer. À Lille, seulement 5 médecins pratiquent des IVG médicamenteuses. Leur nombre restreint demeure la cause de longs délais. Deux étudiants soulignent également l’importance que chacun doit avoir dans l’accompagnement auprès des personnes concernées. Banaliser l’acte et les soutenir demeure indispensable.

S’adressant à la foule, Véronique glorifie une lutte commune et engagée. Nous sommes solidaires de toutes les personnes qui se battent aujourd’hui pour que le droit à l’avortement mais aussi le droit à la contraception, le droit de décider, le droit de choisir sa vie ne soit pas remis en cause et soit renforcé.” Certains témoins de la scène renchérissent : c’est un droit fondamental qui change une vie.” Comme précisé plus haut, c’est un combat qui dépasse les frontières. Mais ce sont aussi des moyens, des infrastructures à mettre en place sur tout le territoire français, en métropole comme dans les DROM.

Un rassemblement à but pédagogique

Initié par le Planning familial, ce rassemblement a surtout répondu à l’appel du Collectif Avortement en Europe, les femmes décident!”. Appel d’ailleurs déclamé par Louise devant la foule à l’occasion de cette journée internationale pour le droit à l’avortement. Plusieurs associations féministes comme la Ligue des Droits de L’Homme, Amnesty International, la Maison des Femmes, pour n’en citer que quelques-unes, ont répondu présentes à la demande du Planning familial. Toutes avec un même objectif : échanger, informer les passants, ceux qui se trouvent là par hasard ou non.

Les associations sont fières d’avoir pu réunir un si grand nombre de personnes ; bien mieux qu’en 2021 où seulement 15 étaient présentes. L’information s’est majoritairement répandue sur Internet, par les affiches et grâce au bouche-à-oreille. Pour information, et pour les intéressés, de multiples marches sont prévues ; pour la journée de lutte pour le droit des femmes et celle de lutte contre les violences par exemple. Sur ce, restez attentifs, guettez les sites internet et les affiches dans les rues…

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