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Roubaix, une lumière : un polar passionnant

Roubaix, une lumière : un polar passionnant

Pour son film, Arnaud Deplechin a décidé de mettre en scène un fait divers réel qui s’est déroulé en 2002 à Roubaix. Il s’est inspiré d’un documentaire sorti en 2008, Roubaix, Commissariat central de Mosco Boucault, qui l’avait fortement marqué car il est originaire de la ville.

Roubaix, un soir de Réveillon. La soirée bat son plein, les esprits s’échauffent, des bagarres éclatent, une voiture prend feu. Pour le commissaire Daoud, il s’agit d’un Réveillon comme un autre. Ce n’est que lorsque l’incendie criminel d’une maison et le meurtre d’une femme âgée sont découverts que l’enquête commence pour le commissaire et le jeune lieutenant Louis Coterelle.

Immersion dans une enquête policière…

Dès les premières secondes du film, le spectateur est embarqué dans l’enquête aux côtés du commissaire Daoud. En véritables coéquipiers, nous assistons aux patrouilles, aux interrogatoires, aux gardes à vue… tout ce à quoi un civil ne peut assister en temps normal. Le réalisateur, grâce à une précision documentaire, parvient presque à nous faire oublier qu’il s’agit d’un film. Le fait qu’il retrace des faits réels rend l’intrigue encore plus passionnante pour le spectateur qui cherche lui aussi à découvrir la vérité avec les éléments de l’enquête. À la manière de Polisse de Maïwenn qui nous embarquait dans le quotidien d’une brigade de protection des mineurs, Roubaix, une lumière nous dévoile la réalité d’un métier difficile et éprouvant ainsi que les techniques employées par la police pour mener efficacement une enquête.

Ce travail d’enquêteur est admirablement restitué par des acteurs qui sont d’un naturel à couper le souffle. L’acteur Roschdy Zem transcende son rôle de commissaire à la fois froid et empreint d’humanité. Léa Seydoux et Sara Forestier sont d’une justesse remarquable dans leur rôle de toxicomanes totalement perdues et suspectées de meurtre.

… sur fond de misère sociale

Roubaix, une lumière est un polar qui répond à des codes très précis. L’ambiance est sombre, le commissaire est austère, l’enquête avance par soubresauts, au rythme des révélations. Pourtant, Roubaix, une lumière n’est pas qu’un film de genre, c’est avant tout un portrait de Roubaix, ville délaissée et pauvre. Le meurtre est un point de départ qui permet au réalisateur de nous emmener au cœur des quartiers pauvres de Roubaix, dans l’intimité des courées (seuls vestiges d’une prospérité disparue) où des êtres humains tentent tant bien que mal de survivre. Au delà d’un crime désespéré, Arnaud Deplechin parvient subtilement à expliquer les causes de l’acte. Le portrait des personnages est délicat et plein d’empathie si bien que nous n’arrivons pas à les blâmer car ils sont tout simplement humains.

Même si le sujet et la longueur du film peuvent repousser, il dépeint admirablement le fonctionnement d’un commissariat et dresse un excellent portrait d’une classe sociale délaissée. On se surprend parfois à rire de certaines situations grotesques ou de certaines répliques car, finalement, dans l’ambiance triste et froide d’une ville laissée pour morte, subsiste une lumière à Roubaix, la lumière de la vie.

A l’affiche au Métropole jusqu’au mardi 8 octobre seulement.

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