The Last of Us, la champi-apocalypse zombie par HBO

Pedro Pascal et Bella Ramsey en tant que Joel et Ellie dans la série HBO The Last Of Us

Annoncée en 2020 par HBO, la série The Last Of Us est sortie, à raison d’un épisode par semaine, sur Prime Video depuis le 15 janvier dernier. Supervisée par Neil Druckmann, auteur du jeu vidéo, et réalisée par Craig Mazin, showrunner de la série à succès Chernobyl, la série s’est conclue sur son neuvième épisode le 13 mars. Il est donc temps de passer en revue cette adaptation pour le petit écran d’un jeu vidéo devenu culte. Critique garantie no spoil !

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est important de rappeler quelques bases pour replacer la série dans son contexte. Imaginé par Neil Druckmann d’abord sous la forme d’un comics, puis développé par le studio Naughty Dog en jeu vidéo, l’univers de The Last Of Us pourrait être résumé simplement comme le classique monde post-apocalyptique où une épidémie de zombie a ravagé la planète. Mais sous cette apparente simplicité se cache le génie de la licence, qui à travers cette apocalypse, cherche avant tout à raconter l’humanité de ses personnages. En 2013, à sa sortie, ce fut une révolution totale de la narration vidéoludique, qui mettait l’expérience de jeu au service de l’histoire. De plus, les cinématiques qui reprenaient les codes de la mise en scène du cinéma étaient utilisées avec une ampleur jamais vue auparavant.

Adapter un jeu vidéo, tâche ardue

Cette série n’est pas le premier essai d’adaptation de la licence : entre 2014 et 2019, Neil Druckmann a travaillé sur un film, financé par Sony, avec Sam Raimi comme réalisateur, qui a fini par devenir un enfer en pré-production. L’auteur pensait également que la licence était plus compatible avec le rythme d’une série.

Ainsi, HBO acquiert les droits et annonce la série en mars 2020. Cela n’a pas manqué d’affoler les joueurs, qui attendaient alors la sortie du deuxième jeu, trois mois plus tard. Et, au vu des précédents échecs d’adaptation d’univers vidéoludiques, cette dure réception n’est pas incohérente. On peut citer Warcraft (2016), trop lourd de ses images animées par ordinateur, le très douloureux Doom (2005), ou encore Assassin’s Creed (2016) qui, bien que meilleur que les autres, peine à faire accrocher à ses personnages.

En général, les critiques s’accordent à dire qu’une bonne adaptation de jeu vidéo n’est pas un bon film. Mais The Last of Us n’est pas un film. D’ailleurs, les dernières adaptations de jeu vidéo, The Witcher et Arcane (League of Legends), ont elles aussi pris le pari du format série, bien plus populaire à l’ère des plateformes de streaming.

Des libertés scénaristiques bienvenues

Alors, comment représenter à la télévision cet univers si bien connu des joueurs sans se mettre les fans à dos, ou ne pas réussir à élargir l’audience ? Neil Druckmann et Craig Mazin ont un plan génial : premièrement, ils ont choisi d’adapter presque mot pour mot les cinématiques du jeu. Deuxièmement, ils ont repris les phases de gameplay en mettant en avant le danger continu qui plane sur ce monde, même dans des phases calmes et a priori sans action. Enfin, le génie de cette adaptation réside dans l’ajout de scènes et détails, qui n’existent pas simplement dans le jeu, mais qui ajoutent du contexte global à l’univers de The Last Of Us.

Neil Druckmann sur le tournage de The Last Of Us
Neil Druckmann sur le tournage de The Last Of Us, ©HBO

Ces éléments de contexte inconnus du joueur comme du simple spectateur permettent d’ancrer intelligemment la série dans un monde pas si éloigné du notre. Ainsi, les spores, qui dans le jeu sont un danger quasiment constant, ont ici été évincés, pour que les acteurs n’aient pas à porter de masques à gaz dans toutes les scènes. À l’écran, cette menace a été adaptée sous la forme d’un réseau neuronal fongique partagé par les infectés et les champignons qui recouvrent les bâtiments. Un pas de côté suffit donc pour se retrouver avec une horde à ses trousses.

On peut aussi citer l’ajout de scènes totalement absentes des jeux, notamment au début des épisodes un et deux. Indépendantes de la trame principale, elles introduisent des personnages et des situations qui viennent subtilement complémenter le récit, et apporter de la densité à l’univers.

Enfin, Neil Druckmann a décalé la temporalité : l’épidémie démarre en 2013 dans les jeux, et dans la série, en 2003. Ce qui situe la trame principale vingt ans après, en 2023. Simple facétie temporelle, ou rappel de l’auteur tant à la facilité du repli militariste lors d’une crise ?

Une bonne adaptation, mais aussi une bonne série

Alors, que vaut cette saison une de The Last Of Us ? Le verdict est sans appel : la série maîtrise totalement son sujet. Au casting, Pedro Pascal et Bella Ramsey forment un duo absolument explosif, digne d’acteurs d’un tel calibre, dont les performances sont complémentaires et l’investissement total. En ce qui concerne la musique, Gustavo Santaolalla, compositeur de celles des deux jeux, signe ici un score jouissif et équilibré, reprenant ses thèmes et les déclinant dans une diversité d’interprétations surprenante.

En plus, on notera la présence de quelques références musicales des années 80, comme a-ha. Mais ces touches de nostalgie sont dispersées avec parcimonie, loin de l’abondance presque écrasante proposée par Stranger Things par exemple. Le rythme de la narration, bien qu’inégal, reste équilibré, et même si le début prend son temps, et que la fin se hâte de conclure, aucun épisode n’en souffre trop.

Adaptation intelligente, série brillante, cette saison a tout pour plaire. Mais alors, qu’en est-il du futur ? Dans une interview récente, Pedro Pascal laissait échapper que le tournage de la deuxième saison pourrait débuter dans quelques mois. Logique, HBO ne perd pas de temps pour capitaliser sur sa réussite. Mais les enjeux posés par le dernier épisode seront-ils aussi brillamment adaptés, avec la pression de cette réussite ? Et le scénario du deuxième jeu, vivement critiqué avant et après sa sortie, sera-t-il au goût des fans de la série ? Seul l’avenir nous le dira.

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