Violences conjugales : Le Nord voit rouge

À Lille, la manifestation féministe du 19 novembre dernier, ayant réunie des milliers de personnes, est l’occasion de revenir sur les mauvais chiffres du département du Nord en termes de violences conjugales, placé premier au niveau national du nombre de féminicides en 2021.

Samedi 19 novembre, environ 3.000 personnes étaient réunies à Lille pour protester contre les violences faites aux femmes. Le 13 décembre dernier, le député de la première circonscription du Nord, Adrien Quatennens, a été condamné par le parquet de Lille à 4 mois de prison avec sursis pour violence conjugale. Cette affaire vient encore griser le tableau des cas de violences conjugales dans le département.

Le Nord dans le viseur

Le département du Nord fait aujourd’hui figure de mauvais élève dans les cas des violences conjugales. Avec 6 féminicides recensés en 2021, les chiffres diminuent, mais restent encore largement supérieurs à la moyenne nationale. Cependant, ces chiffres restent à relativiser puisqu’ils ne tiennent pas compte des suicides ou des maladies irréparables causés par des violences conjugales, ce qui les rendrait nettement supérieurs.

D’après les chiffres du Ministère de l’Intérieur, les auteurs de violences conjugales sont souvent des consommateurs de drogue et d’alcool. Selon l’association Solfa, qui vient en aide aux femmes victimes de violences dans le Nord et le Pas-de-Calais, il ne faudrait pas rattacher ces mauvais chiffres à des causes uniquement sociales et culturelles. Bien que la région connaisse un taux de pauvreté conséquent par rapport à la moyenne nationale, tous les milieux socio-culturels seraient touchés.

La parole se libère

Le Grenelle des violences conjugales, lancé en 2019 par Matignon en collaboration avec des associations de victimes et de professionnels afin de trouver des accords pour prévenir les violences, protéger les victimes et punir efficacement, enregistre de plus en plus de plaintes. Mais selon les fonctionnaires de police, cela serait dû davantage à une libération de la parole qu’à une augmentation des violences conjugales. Le Grenelle recenserait 11 plaintes en 2021 contre 7 l’année précédente. Une évolution en partie due à une amélioration de l’accueil des victimes, décidée fin 2019 par la mise en place d’une quarantaine de mesures afin de lutter contre ce fléau.

Aujourd’hui, toute la société semble se mobiliser autour de ce problème. Le département a débloqué un budget de 700.000 € pour cette année dans l’unique but de lutter contre les violences conjugales, soit une augmentation de 200.000 € par rapport à 2021. Ce budget permettra notamment d’augmenter les moyens humains, avec 18 intervenants sociaux en plus dans les commissariats, la mise en place d’un RSA d’urgence pour les femmes trop dépendantes financièrement de leurs maris ou encore la hausse des subventions pour les associations de défense des victimes.

Ces dernières sont d’ailleurs nombreuses dans tout le département, on peut prendre l’exemple de l’association Louise-Michel, présente à Villeneuve d’Ascq, qui organise chaque semaine des groupes de paroles afin de redonner confiance aux femmes victimes de violences. L’association, qui existe depuis 1984, possède également un chat gratuit et anonyme disponible 24h/24 et 7j/7 pour signaler toute violence. De plus, le collectif “Féminicides par compagnons ou ex“ regroupe des bénévoles et des lanceuses d’alertes, comptabilisant et mettant sur les réseaux sociaux le nombre de femmes victimes de violences intra-familiales. En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon, il y a donc urgence à agir contre ce phénomène de société.