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VIDEO. Christiane Taubira, la candidate de trop ?

VIDEO. Christiane Taubira, la candidate de trop ?

Christiane Taubira

Le 15 janvier dernier, à Lyon, Christiane Taubira s’est déclarée officiellement candidate à la présidence de la République. Une nouvelle candidature venue s’ajouter à celle des trois autres candidats de gauche, accentuant encore un peu plus la confusion dans un camp nageant déjà bien en eaux troubles. Car les tensions internes bien palpables sur fond de montée en puissance de l’extrême droite dressent le tableau d’une gauche perdue et plus que jamais divisée sur sa propre union, au grand dam de ses électeurs.

Le samedi 15 janvier, dans un froid glacial qui n’aura pas tari la détermination de ses partisans lyonnais, Christiane Taubira a déclaré sa candidature dans le quartier de la Croix-Rousse, à Lyon, symbole des canuts qui se sont révoltés sous leur devise : “Vivre en travaillant, ou mourir en combattant”. C’est cette détermination que la candidate veut incarner, en aspirant profondément à changer le pays par un retour à une “justice sociale”. Son but : s’inscrire dans un contre-pied du quinquennat Macron ; mandature marquée par les Gilets jaunes, expression d’une profonde colère sociale.

L’ancienne ministre de la Justice souhaite représenter un nouvel élan pour le pays, forte de ses valeurs humaines et de son “exigence de la vérité”. Son programme, construit autour de trois grands thèmes que sont la jeunesse, la justice sociale et l’écologie, sont pourtant aujourd’hui partagés par les autres candidats de gauche, et même scandés par la droite. Dans la plus grande confusion, C. Taubira a donc décidé de se lancer dans la course à l’Élysée, et ainsi choisi d’affronter son propre camp.

Une gauche, quatre candidats

La candidature de C. Taubira vient s’ajouter à celles d’autres candidats, dont la course à l’Elysée aurait pu s’arrêter net s’ils avaient décidé de se soumettre aux résultats de la “Primaire populaire”. Ce projet, lancé par Mathilde Imer et Samuel Grzybowski, activistes écologistes, afin de mettre en forme l’union de la gauche, a en effet était décrié par Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon. Organisée malgré tout, elle a fait se confronter au jugement majoritaire des 467.000 votants sept candidats en lice plus ou moins connus. Le 30 janvier, cette primaire a donné grande gagnante C. Taubira avec 67% des votants qui ont jugé sa candidature avec la mention “Bien”. Mais loin de permettre l’union de la gauche derrière l’unique gagnante, cette primaire a fait se retrancher dans leur camp les candidats les plus connus qui ont regretté un résultat écrit d’avance.

“Elle a enfilé la chaussure qui a été préparée pour elle” – Jean-Luc Mélenchon

Au final, la candidature de C. Taubira s’oppose à celle des trois autres candidats qui se sont déclarés précédemment. L’écologiste Yannick Jadot, l’intarissable insoumis Jean-Luc Mélenchon et la déterminée maire socialiste de Paris Anne Hidalgo sont actuellement dans la course. Trois candidatures, car quatre en moins. Celle des perdants de la “Primaire populaire” qui ont accepté de se soumettre à son résultat, ainsi que celle d’Arnaud Montebourg qui a retiré sa candidature le 18 janvier sans avoir su redonner un coup de “remontada” à sa campagne. Il déplorait un refus d’union de la gauche. Et pourtant, cette question d’une candidature unique fait de plus en plus consensus dans l’opinion. L’année dernière, à l’occasion des élections régionales dans les Hauts-de-France, toute la gauche (EELV-PS-LFI-PCF-Génération•S) s’était unie derrière sa candidate, Karima Delli, preuve qu’une union n’est pas qu’une utopie.

La délicate question d’une candidature unique

Face à ce chaos, pourquoi C. Taubira vient-elle donc ajouter une septième candidature à gauche, qui plus est au nom de son union ? Cette question, elle l’aura esquivée lors de sa conférence devant les étudiants de Sciences-Po Lille le 20 janvier dernier, préférant se consacrer aux mesures qu’elle mettrait en place pour la jeunesse. L’ancienne ministre de la Justice veut se placer comme l’unique candidate qui unit au-delà des divergences, regrettant que chacun est “persuadé que l’union est indispensable mais qu’elle ne se conçoit que derrière soi”, affirmait-elle sur France Inter le 18 janvier.

Christiane Taubira
Christiane Taubira à Sciences-Po Lille, le 20 janvier. © Félix Lebelle

Si elle semble être approuvée chez de nombreux électeurs de gauche, cette idée d’union laisse cependant certains de ses représentants songeurs. Le 8 décembre dernier, en conférence à Sciences-Po Lille, l’ancien président de la République François Hollande a été interrogé sur la question de cette union, devenue un des enjeux de cette campagne. Il affirmait alors que celle-ci ne pouvait s’organiser qu’avec un “programme commun” autour d’“une volonté commune” à la condition qu’une “force motrice se détache de toutes les autres”. Cette dernière, la plus à même de faire gagner la gauche, semble être assez lisible à la vue des sondages.

L’union, un choix ou une nécessité ?

Pour le moment, la gauche ne parvient pas à s’imposer : seule la droite domine les sondages*, avec E. Macron qui tient en tête (25%), suivi de M. Le Pen et E. Zemmour (16,5%), puis V. Pécresse (14%). Les candidats de gauche sont loin derrière : le premier est J.-L. Mélenchon (11%), loin devant Y. Jadot (5%) suivi de C. Taubira et A. Hidalgo (2,5%). L’insoumis semble donc être cette force dominante à gauche. Mais lui, qui affirme que les autres candidats de gauche ne sont pas ses “copains”, refuse tout ralliement alors qu’avec à peine 20% des intentions de vote, la gauche a plus que jamais besoin d’unité pour accéder – au moins – au second tour. La candidature de C. Taubira redistribue ainsi encore des votes, déjà si peu nombreux, et amenuise par là même les chances qu’un candidat de gauche parvienne au duel final.

Face à cet embouteillage de candidatures, la gauche a donc un peu plus d’un mois pour trouver des solutions à ses problèmes de division. L’objectif est double : éviter que ses électeurs ne soient contraints de voter “utile” à la vue d’une défaite presque certaine, tout en limitant le poids toujours plus important d’une droite qui s’impose. Si la candidature de Christiane Taubira reste incertaine, n’ayant toujours pas obtenu ses 500 parrainages, son retour en politique ne pose désormais plus qu’une seule question : quel avenir pour la gauche ?

L’entrée de Christiane Taubira dans la course à l’Élysée incarne à elle seule l’originalité et les rebondissements qui font de cette présidentielle 2022 une élection particulière. Le Pépère News est donc parti à la rencontre des Lillois pour connaître leur avis sur cette élection, entre Primaire populaire, question sur la légitimé de Christiane Taubira, et les enjeux que ce scrutin porte.

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