Législatives. Thomas Fabre (droite et centre) joue la carte de la proximité dans la 1ère circonscription du Nord

Le Pépère News a suivi Thomas Fabre, candidat du centre et de la droite à la première circonscription du Nord, pendant une matinée de campagne. Soutenu par plusieurs ténors de la droite locale, le jeune prétendant joue la carte de la proximité.
Ce lundi 16 mai à 9h30, Thomas Fabre est attablé dans un bar loossois. Le président des Jeunes UDI a été choisi pour représenter la droite et le centre dans la circonscription. Vers 10h, deux figures de la droite régionale franchissent la porte d’Au coin de Delph’s. Xavier Bertrand, le président de la région Haut-de-France, et Olivier Henno, sénateur du Nord, sont venus soutenir leur protégé, dans une circonscription qu’ils savent difficile. Depuis 2017, elle est tenue par Adrien Quatennens, de LFI. Les habitants, issus pour beaucoup des classes populaires, ont d’ailleurs voté Jean-Luc Mélenchon à 41,8% au premier tour de la présidentielle. Dans cette circonscription propice à la gauche, Thomas Fabre tente de jouer la carte de la proximité pour tirer son épingle du jeu.
Le grand méchant NUPES
Placés face à une petite troupe de sympathisants et d’habitués du café, Olivier Henno et Xavier Bertrand chantent les louanges du candidat de 28 ans. O. Henno, pour qui T. Fabre a longtemps travaillé, souligne sa “disponibilité”, dont il fait une ”exigence morale”. ”C’est quelqu’un qui peut parler à n’importe qui, les gens qui vont bien et ceux qui vont moins bien” abonde X. Bertrand. ”Dans cette élection, on a plutôt le vent qui souffle de face” reconnaît le président des Hauts de France, conscient que la circonscription est plutôt classée à gauche. Il profite de la vague de compliments pour contraster le jeune centriste avec Adrien Quatennens, le député sortant. Le premier ne passerait pas son temps dans des ”conciliabules de partis pour passer des accords abracadabrants” ou sur les plateaux de télévision, une attaque à peine voilée contre l’actuel député LFI.
Pour X. Bertrand, l’Assemblée a besoin d’une opposition ”qui n’a pas le couteau entre les dents”. La cible est claire : ”l’extrême gauche” représentée par la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES). Les autres adversaires semblent secondaires, à commencer par l’extrême droite. ”Personne ne pense que Le Pen est capable de diriger le pays” balaye le président de région, semblant oublier que 41,45% des suffrages exprimés le 22 avril étaient pour le RN. Par un étrange renversement de situation, la NUPES semble avoir remplacé l’extrême droite dans la hiérarchie des dangers pour toute une partie de la classe politique. Et LR, parti de gouvernement par excellence, se retrouve maintenant dans une position d’outsider tentant de conserver ou arracher quelques sièges à l’Assemblée.
La proximité avant tout
Face aux quelques personnes venues boire un verre ou l’écouter, Thomas Fabre présente sa suppléante, Marie Barra. Cette élue loossoise ”travaille au CHR depuis 30 ans”. En cas de victoire, elle sera chargée de le représenter localement. Pendant cette matinée de campagne, le candidat en profite pour rappeler ses priorités. Quand une Loossoise lui demande comment garantir la sûreté des habitants, il affirme qu’il faut “renforcer la police municipale” pour “une sécurité de proximité”. Il assure aussi à une commerçante inquiète de la montée des prix qu’il souhaite ”faire baisser les charges”et “arrêter d’imposer des contraintes en plus aux entreprises.” Des mesures qui profiteraient aux employeurs, car elles leur permettraient de faire augmenter les salaires nets sans débourser plus d’argent. Ces “charges” qui disparaîtraient seraient celles qui permettent de financer notamment les congés parentaux, les retraites ou les frais médicaux.
Après cet échange, Pépère News suit l’équipée à La Fabrique de l’emploi, une entreprise issue du projet ”Territoire zéro chômeur de longue durée” qui emploie des personnes précaires. T. Fabre déambule dans les locaux, serre des mains, échange avec les employés. L’entreprise, issue d’un partenariat entre différents acteurs locaux publics et privés permet au candidat modéré de mettre en scène son goût pour la concertation et la proximité. Il promet d’ailleurs de mieux articuler les politiques locales avec les injonctions de l’État central.

La politique du compromis
Thomas Fabre montre sa prédilection pour la concertation dans plusieurs domaines (lire l’interview complète ici). Lorsque Pépère News l’interroge sur sa politique éducative, il promet de travailler “avec les partenaires sociaux” et les entreprises pour mieux orienter les jeunes. Il déplore le manque d’accompagnement des lycéens lorsqu’ils choisissent leur formation, et s’engage à investir plus dans l’orientation. Le jeune centriste veut aussi encourager les jeunes à se former “dans les métiers en tension”, grâce notamment à une “aide de 860 euros par mois”.
Son goût pour le compromis transparaît aussi lorsqu’il parle d’écologie. T. Fabre met en avant l’importance de “la sensibilisation” et son refus de ”l’écologie punitive”. Mais la concertation bute souvent sur les intérêts contradictoires des entreprises polluantes d’un côté, et ceux des citoyens de l’autre. En général, ce sont les premiers qui priment : les entreprises obtiennent le soutien financier de l’État sans avoir à fournir une contrepartie écologique. Le jeune candidat cite l’ingénieur et activiste écologique Jean-Marc Jancovici comme une référence, alors même que ce dernier avait jugé le programme de la droite à l’élection présidentielle “insuffisant” pour faire face à l’enjeu climatique, car trop peu ambitieux. L’ingénieur observait alors que ”les candidats ont beaucoup de mal à promettre du sang et des larmes” en s’engageant à révolutionner nos modes de vie. Mais dans une dernière réponse étonnante, T. Fabre affirme que “pour atteindre nos objectifs, il faudrait une rupture de notre modèle économique”. Aux électeurs de choisir qui est le meilleur candidat pour la provoquer.
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Mattis Habib, étudiant en science politique à Lille 2 avec option journalisme à l'Académie ESJ.