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Les métiers manuels dans le Nord, des coeurs à prendre

Les métiers manuels dans le Nord, des coeurs à prendre

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Le Nord, comme d’autres départements, observe un déclin du nombre de candidats dans les métiers manuels comme le bâtiment ou l’artisanat. Les formations professionnalisantes portent un fardeau de préjugés et il devient difficile de briser toutes ces idées reçues. Mais les offres d’emploi ne manquent pas. Attirer les jeunes est plus complexe : afin de briser les a priori, des écoles et Pôle Emploi, sous l’impulsion de la région, se mobilisent pour rendre ces métiers attractifs.

Sous-métier, solution de dernier recours, salaire minable, la mauvaise réputation des formations courtes et professionnalisantes se ressent sur le marché du travail. Pourtant, “il ne faut pas que les jeunes se tournent vers l’artisanat d’hier mais vers les perspectives d’aujourd’hui”, affirme Laurent Rigaud, le président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) de Lille. L’artisanat n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a quelques années : “Ce n’est pas une voie de garage.”

Les métiers manuels ne sont pas “une voie de garage”

En 2021, pour l’artisanat, “tous les voyants sont au vert”. L’objectif est de retourner les préjugés et de séduire les jeunes car ce secteur représente un “boulevard” économique, social, d’avenir : 90% des formés vont à l’emploi.

Les postes à pourvoir se comptent par centaines. Il y a exactement 2.500 offres d’emploi dans le domaine manuel dans la région dont 20% de CDI, nous confie Hélène Schaeffer, directrice territoriale de Pôle Emploi Nord. Et les nouveaux postes ne trouvent pas toujours preneurs. En effet, on observe une augmentation des offres, mais un déclin de candidats. Entre 7.000 et 8.000 entreprises voient le jour par an, c’est un secteur dynamique en plein essor. “Venez nous rejoindre !” proclame Laurent Rigaud.

Faire du bac pro une formation à la mode

Afin de promouvoir ces secteurs plein d’avenir, des initiatives sont lancées. Des semaines spéciales apprentissage sont proposées, et plus récemment le plan “1 jeune, 1 solution” a vu le jour. Ce nouveau dispositif de Pôle Emploi, en place depuis juin 2020, est une promesse d’embauche, de formation ou d’un atelier d’aide. La mission est simple : permettre à chaque jeune d’avoir une perspective d’avenir.

“Chacun doit trouver sa place” – Manoelle Martin, vice-présidente de la région Haut-de-France en charge des lycées et de l’orientation.

Afin de renforcer ce dispositif, Pôle Emploi a un partenariat avec la CMA de Lille, avec qui ils organisent des immersions. Hélène Schaeffer décrit des expériences étonnantes pour les jeunes en recherche d’emploi qui se surprennent à apprécier des métiers qu’ils repoussaient. Les partenariats entre Pôle Emploi, la Chambre des Métiers et la Mission Locale sont une véritable “force de frappe”.

La région des Hauts-de-France organise des salons de l’orientation, des partenariats avec l’éducation nationale, des stages… L’objectif est de faire connaître chacune des formations en les plaçant au même niveau. Les premières pages du nouveau guide “Que faire après la troisième ?” seront dédiées aux voies de l’apprentissage et non aux bacs généraux comme à son habitude. La “voie d’or” des lycées généraux est en déconstruction.

“Ce sont des jobs accessibles pour des personnes ayant besoin d’un salaire immédiat.” La préoccupation actuelle, renforcée par la situation des jeunes durant la crise sanitaire, est de “donner un revenu, un avenir, une place dans la société”.

L’école coupable de ce désamour ?

Depuis la loi de 2018, les collectivités régionales ont la compétence d’informer les jeunes dès leur 12 ans sur les différentes options après la classe de troisième. Manoelle Martin, vice-présidente de la Région en charge des lycées et de l’orientation, déclare que “l’époque où les professeurs étaient poussés à envoyer tous leurs élèves dans un lycée général peu importe les profils de ceux-ci est révolue”. “Maintenant ce n’est plus une valeur de notation. Chacun doit trouver sa place.” Cependant, Jérémie Crepel, professeur dans un lycée professionnel lillois constate qu’une “proportion importante d’élèves se réorientent en lycées professionnels après une mauvaise expérience dans le général”.

La raison d’un boycott des établissements professionnels viendrait en grande partie des familles. Elles sont, selon Manoelle Martin, “80% à être décisionnaires de l’orientation de leur(s) enfant(s)”. Les parents n’ont pour la majorité pas une vision positive de l’apprentissage, ajoute la vice-présidente en charge de l’orientation des lycées et de l’orientation du Nord. De plus, les professeurs ne connaissent pas tous les débouchés et toutes les formations : “L’information des collégiens, est, de ce fait, incomplète.”

Ainsi, quelques salons, des partenariats et des pages dans un guide suffiront-ils à bâtir une nouvelle image des métiers manuels ?

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