L’extension de l’aéroport de Lille : les militants écologistes réagissent

C’est dans l’après-midi du 8 octobre 2022, place de la République, que l’association NADA a débuté son action à la suite de l’annonce de l’extension de l’aéroport de Lille. La démarche se place au sein du mouvement “Stay Grounded” qui vise à sensibiliser la population à l’impact des avions sur notre planète. Ce mouvement s’inscrit dans une lutte planétaire : celle contre le réchauffement climatique.

Samedi 8 octobre, 200 militants se sont réunis place de la République sous la direction de l’association NADA (Non à l’agrandissement de l’aéroport de Lille-Lesquin). Brandissant des pancartes, ils revendiquent leur opposition à l’extension et la modernisation de l’aéroport de Lille-Lesquin. S’inscrivant dans le mouvement Rester sur terre, cette action vise à sensibiliser la population à l’enjeu écologique.

Le déclencheur : l’autorisation de la préfecture du Nord

En juillet dernier, la préfecture du Nord a accordé l’autorisation environnementale à la réalisation du projet de modernisation et d’extension de l’aéroport de Lille-Lesquin, situé au sud de la ville du Nord. Le projet prévoit le doublement de la capacité de l’aéroport et fait rapidement débat au sein de la population. Bien que certains souhaitent voir ce plan se concrétiser, d’autres expriment leur mécontentement face à un projet jugé inutile et destructeur de l’environnement.

“Aujourd’hui, le secteur aérien est responsable de 6,3% des émissions de gaz à effets de serre. Partout, les scientifiques environnementaux nous disent qu’il faut réduire le trafic aérien pour respecter les accords de Paris et limiter les impacts du réchauffement climatique. Alors pourquoi étendre les aéroports ?” avance Capucine Saulpic, porte-parole de l’association NADA. Selon l’Agence européenne de l’Environnement (AEE), en France, la part du secteur aérien représente 4,1% des émissions de gaz à effets de serre des transports en 2019. D’après NADA, ce projet aura d’autant plus d’effets néfastes : la création d’emplois précaires avec la mise en valeur d’un transport qui profite aux plus aisés, renforçant les injustices sociales. En somme, le projet polluerait les terres, les eaux et l’air mais renforcerait également les nuisances sonores.

Le plan d’action

C’est à la suite de la déclaration du préfet que l’organisation NADA, créée en 2021, a mobilisé, ce samedi après-midi 8 octobre, plus de 200 personnes sur la place République. Non loin de là, on aperçoit parmi la foule des pancartes de tout genre. “Avion au pilon” figure sur l’une d’elles. Plusieurs organisations mettent la main à la pâte, décidées à porter le mouvement “Rester sur terre” (“Stay Grounded”) dans la métropole lilloise. On retrouve l’organisation NADA, ANV-COP21, Greenpeace ou encore Extinction Rebellion. Cette dernière avait notamment organisé une action dans la matinée. Ses militants s’étaient mobilisés aux portes de l’aéroport de Lille-Lesquin afin d’y bloquer l’accès. Les forces de l’ordre étaient intervenues afin d’évacuer les militants.

Des élus se joignent à la mobilisation et accordent leur soutien au mouvement, décidés à rester les deux pieds sur terre. On retrouve sur place un des douze conseillers municipaux de la commune de Seclin, Éric Corbeaux : “Nous sommes, selon eux, des personnes archaïques, qui ne laissent pas de place à la modernité”. Ugo Bernalicis, membre de la France insoumise et député de la deuxième circonscription du Nord, est lui aussi présent. Pour son discours, l’homme politique se tient derrière la pancarte “Non à l’extension de l’aéroport”, peu après l’action place République. Il énonce notamment la fiscalité du kérosène qui devient “scandaleuse” à la suite de l’inflation, problème qui handicape la France en ce moment. En effet, le kérosène est l’un des rares carburants à ne pas être taxé. Il faut savoir que ce carburant est nécessaire au fonctionnement des avions mais il rejette du dioxyde d’azote et des particules fines, intensifiant la pollution de l’air. 

Un militant venu de Lisbonne prend la parole et raconte son expérience avec le business aérien. Il explique son incompréhension face à la multiplication des petits trajets par la population. Pourquoi privilégier l’avion lorsque que le train existe ? La question fait débat. Mais NADA ne compte pas s’arrêter à cette simple action, la prochaine étape pour l’organisation est d’attaquer en justice la décision du préfet. En fin d’après-midi, les militants se dispersent sous les bruits de la fanfare qui les accompagnait.

Un problème lillois mais aussi mondial

Ce problème ne concerne pas seulement la métropole lilloise mais aussi le monde entier. En effet, étendre un aéroport résulte à en agrandir un autre pour gérer convenablement le trafic aérien. Stay Grounded, créé en 2016, est un mouvement international qui multiplie les actions environnementales contre le modèle d’aviation. L’action s’inscrit dans le cadre d’une conférence internationale AviAction organisée par le mouvement, sur quatre journées consécutives à Lille, du 5 au 9 octobre. Dans un projet plus global, il vise à l’abandon de tous les projets d’aéroports dans le monde : “On en recense aujourd’hui environ 1200 dont une centaine qui auraient engendré des cas de conflits, de violences ou de violation des droits humains”, affirme Capucine Saulpic. 

En effet, la question humanitaire est elle aussi en jeu. Ces projets d’extension et de modernisation concernant des aéroports se mettent en place parfois même au détriment des populations environnantes. “C’est le cas par exemple, à Karad en Inde, dont les terres agricoles se verraient privées de leur système d’irrigation d’eau, un obstacle pour l’extension de l’aéroport. Il faut savoir que ces terres nourrissent plus de 25.000 personnes”, continue la porte-parole de NADA.

“Nous dénonçons un problème systémique, certes on se bat ici à Lille, mais on est aussi en solidarité avec tous les projets dans le monde”, explique NADA.