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Révolte-toi ESPOL sacré champion du débat lillois

Révolte-toi ESPOL sacré champion du débat lillois

L’association d’éloquence de la faculté de sciences-politiques de l’université catholique a été sacrée championne du tournoi d’hiver de la Fédération Française de Débat du Nord (FFDN), au terme d’un débat parlementaire haut en couleur, ce jeudi 10 mars. À un mois du premier tour de la présidentielle, ce genre de débat est un moyen de s’ouvrir à des questions politiques d’actualité.

C’est donc un derby qui a clôturé ce tournoi amical de débat, qui aura duré presque un mois. Entre les deux formations pensionnaires de l’Université Catholique de Lille (les étudiants en droit de l’Oratorium et ceux en sciences politiques de Révolte-toi ESPOL), ce sont finalement les politistes qui ont séduit le jury. Le débat portait sur une question politique d’actualité : le néocolonialisme. À moins d’un mois du premier tour de la présidentielle, cela a peut-être aidé certains auditeurs à se forger un avis ou simplement à s’informer.

Les orateurs s’enchaînent à la tribune et disposent de 5 minutes chacun pour développer leur argumentaire © Jane Coleville

Un suspense jusqu’au bout

Les sièges se remplissent peu à peu dans l’amphi René Théry, sur le campus de la Catho, boulevard Vauban. Les orateurs se préparent pour cette finale. À droite de l’estrade, les orateurs d’ESPOL, vainqueurs d’Hermès (Académie ESJ) en quart et de Révolte-toi Lille (l’Université de Lille) en demi ; à gauche, ceux de l’Oratorium, qui eux ont surmonté le Bec et la Plume de Science po et la Tribune de l’IESEG.

Le jury dévoile le sujet au public : “Ce gouvernement veut restituer les œuvres des musées français à leur pays d’origine”. Le rôle du dit gouvernement est endossé par ESPOL, l’Oratorium prend celui de l’opposition. Mais avant la confrontation finale, place aux éloges. Ce soir, le sujet est pour le moins surprenant : faire l’éloge de l’équipe adverse. Un exercice cocasse qui donne lieu à une situation plutôt comique. C’est le sourire aux lèvres qu’orateurs et public entament le débat. 

Les derniers préparatifs de l’équipe d’ESPOL © Jane Coleville

Les arguments fusent en même temps que les orateurs des deux équipes s’enchaînent à la tribune. Alors que le gouvernement détaille son plan de restitution des œuvres volées en pointant le néocolonialisme français, l’opposition craint la fin de la puissance française à l’étranger et du métissage culturel. Les références politiques cultes ne manquent pas : “Vous n’avez pas le monopole de la culture !”, clame un député de l’opposition, en référence à la célèbre formule de Giscard d’Estaing, lors de son débat d’entre-deux-tours contre Mitterrand en 1974.

Après quatre interventions chacune, les parties se rassoient et le jury se retire : c’est l’entracte. Un quart d’heure plus tard, le jury monte à la tribune. Ils commencent le décompte des points : deux points à Révolte-toi ESPOL pour l’argumentation, deux points à l’Oratorium pour l’éloquence. Deux partout, c’est le point de discipline qui départagera les deux équipes. Révolte-toi, qui a plus respecté son temps de parole, gagne ce point fatidique et remporte cette finale de haut niveau. Les supporters de l’Oratorium applaudissent sportivement, ceux d’ESPOL laissent exploser leur joie. Ils sont champions du premier tournoi d’hiver de la FFDN.

Un exercice utile au débat public ?

En période de campagne présidentielle et de débats surmédiatisés, ce sujet d’actualité permet d’éclairer les jeunes présents dans le public sur un sujet au centre des débats. Cet exercice de rhétorique permet d’apporter “une réflexion personnelle sur des idées intéressantes, dont le partage de la culture. Cela peut m’aider et en aider certains en cette période“ exprime Jean, venu soutenir ses camarades d’ESPOL.

Le public a répondu présent à cette finale : l’amphi était presque plein © Jane Coville

D’autres sont plus admiratifs, comme Yolaine : “Je trouve que leurs discours sont admirables et donnent de l’espoir pour le futur”. Lise quant à elle a appris “beaucoup de choses. Je m’intéresse de loin à la politique et à la conservation des œuvres d’art, ça permet d’approfondir le sujet”. Elle complète : “C’est une question que l’on ne se pose pas forcément et qui pourtant est très importante”. Outre ce sujet percutant et évocateur de réflexion, cela permet de “rapprocher les étudiants par la vie associative” nous dit Gauthier. Un public déjà très politisé, à qui cela n’empêche pas d’aller plus loin dans leur manière de voir le monde et de construire leur esprit critique.

Des échos à plus grande échelle

Invitée comme membre du jury, Margaux Rouchet est conseillère régionale d’opposition pour la Gauche Républicaine et Écologique. Elle espère que cet événement “soit la base d’une réflexion plus poussée sur cette question importante“. Admirative face à cette joute oratoire, elle nous rappelle que ce sont des questions concrètes et bien réelles, qui se posent aussi à l’échelle de la région.

“C’est une porte de sortie qui nous permet de penser l’universalité.”   – Margaux Rouchet, conseillère régionale d’opposition pour la Gauche Républicaine et Écologique

Le Louvre-Lens, l’Institut de la Photographie de Lille ou encore l’Institut du Monde Arabe, présents dans les Hauts-De-France, permettent “de se questionner à l’échelle régionale sur ce qui est légitime de montrer, sur l’impact et le but de l’art avec ces équipements” s’interroge M. Rouchet. “Il faut garder des fenêtres ouvertes sur d’autres cultures que la nôtre, sur l’histoire de nos habitants,  surtout dans notre région qui connaît un grand métissage”. Elle ajoute : “avant même de parler de la restitution des œuvres spoliées, volées, le plus urgent est d’empêcher un certain nombre de grands groupes français qui ont la mainmise sur les ressources dans des pays moins avancés de freiner leur développement, et qu’on essaye de compenser, nous, en tant qu’Etat français, avec des politiques de développement en leur direction. Mais par rapport à l’argent gagné par ces compagnies sur ces territoires, c’est incomparable”.

Elle termine en ouvrant sur le sujet :  “Il faut mettre le moralisme de côté pour se demander véritablement quel serait l’effet d’une politique de restitution?  Il faut évidemment que tout peuple ait accès à son patrimoine culturel mais il faut arrêter d’envisager cette question par l’angle national et historique et évoquer davantage l’approche de la communauté internationale, par l’UNESCO, qui n’a pas été cité ce soir. C’est une porte de sortie qui nous permet de penser l’universalité.”

Révolte-toi ramène la coupe à la maison, le public, lui, des idées plein la tête.

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