Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, du lourd, très lourd, trop lourd ?
Après Avengers Endgame, qui a signé la fin de l’arc des pierres d’infinité, le Marvel Cinematic Universe rentre dans sa phase 4. La bande de super-héros, délestée de plusieurs membres après l’affrontement contre Thanos, se permet un peu de recrutement. De retour sur ce qu’ils font le mieux, ou le plus, c’est-à-dire l’introduction de nouveaux personnages, Marvel Studios intègre ainsi ses nouveaux héros. À commencer par Shang-Chi. Le film, réalisé par Destin Daniel Cretton, est sorti en salle le 1er septembre.
Fils d’un homme ayant vécu mille ans grâce au pouvoir mystique de dix anneaux, Shang-Chi a fugué à San Francisco pour vivre une vie normale. Il y a rencontré Katy, une immigrée chinoise, qui devient ce que l’on devine être sa meilleure amie, bien que l’ambiguïté plane sur la nature de leur relation. Dans la première scène d’action du film, le désormais nommé Shaun (américanisation de son prénom) sort une performance d’arts martiaux incroyable, digne d’un Jackie Chan, dans un bus à accordéon de plus en plus détruit.
Ayant évité la mort de justesse, il part à Macao pour avertir sa sœur qui court le même danger. Shang-Chi se rend à son adresse supposée, où il trouve un club de combat, dans lequel il se fait rétamer par sa sœur, la dirigeante. Pas de chance, les hommes du papa arrivent. S’ensuit une scène de combat assez inutile et peu réaliste sur des échafaudages en bambou. Le héros s’en sort à peu près jusqu’à l’intervention de son père, qui, grâce au pouvoir immense de ses anneaux, ramène ses enfants à la maison.
Du bon, mais des réserves…
Travaillée visuellement, posant les bases du développement de certains personnages, cette première partie ne rend pas pour autant l’histoire engageante. Les nombreux flashbacks intermittents rappellent la temporalité complexe de la série The Witcher : si certains arrivent à suivre, cela peut s’avérer complexe pour les non-habitués à de telles pratiques de storytelling. Le héros, bien que son interprète Simu Liu soit doué, n’intéresse finalement pas tant que ça. Il se fait même voler la vedette par son paternel, joué par un excellent Tony Leung.
Le reste du film, oscillant entre présent et passé, nous emporte à la recherche de la mère de Shang-Chi (et de sa sœur, malheureusement sans grande importance), et de son village. Le père, qui se révèle être le Mandarin (Iron Man 3), se construit peu à peu en méchant nuancé et très compréhensible, quelque chose de rare dans cette franchise. Ainsi, le héros se retrouve diminué par la présence d’un tel personnage, mais aussi par la vitesse à laquelle il acquiert la puissance nécessaire pour vaincre son père.
Le combat final se déroule dans un monde merveilleux aux allures de Jurassic Park asiatique, avec des créatures en effets spéciaux qui peinent à convaincre, que ce soient les renards à neufs queues ou l’ « Habitant des Ténèbres ». Dans cette bouillie de pixels, on peut rapprocher Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux de Black Panther : deux scènes de combat final complètement illisibles et ruinées par les images générées par ordinateur, ou CGI. La comparaison peut même s’étendre au caractère d’expansion culturelle du MCU, qui après avoir emprunté à l’imaginaire africain pour créer le Wakanda, s’inspire de légendes asiatiques pour le village de Ta Lo.
Et les dix anneaux… ?
Rendus anecdotiques par la soudaine montée en puissance de Shang-Chi, qui atteint le niveau de sa mère en quelques jours, ces anneaux « légendaires » servent de pont avec le reste des super-héros, plus que de réel pouvoir… Un gâchis ? Peut-être, mais un beau ! La qualité visuelle du MCU n’est plus à prouver, et permet tout de même de passer un excellent moment. L’humour, bien dosé pour ne pas tomber dans l’excès qu’avait connu Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2, reste tout de même un peu lourd. Si une blague ou deux détendent l’atmosphère, cela nuit parfois au sérieux et à la construction des enjeux de l’intrigue.
Qui dit film d’introduction dit recette prête à réchauffer : on s’attendait à une affaire de famille, à un héros qui fuit ses responsabilités, à un side-kick marrant… et on n’est pas déçu sur ces points. Cependant, avec les scènes post-génériques, Marvel nous avait habitués à plus excitant (ah, revoir Thanos se retourner pour la première fois…). S’il y a une chose dont on peut être sûrs : Shang-Chi va avoir son importance dans un prochain film. Épisode deux ? Crossover avec d’autres héros ? Seul le temps nous le dira.