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Un die-in et un sit-in pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles

Un die-in et un sit-in pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles

Des militantes Nous Toutes au die-in de ce vendredi pour protester contre les violences sexistes et sexuelles, le 25 novembre © Jeanne Olagne / Pépère News

Les 23 et 25 novembre derniers, le collectif féministe Nous Toutes a organisé deux actions respectivement devant le tribunal de Lille et Place de la République. Un sit-in et un die-in pour dénoncer l’inaction de la justice face aux violences sexistes et sexuelles et pour rendre hommage aux 121 victimes de féminicides depuis le début de l’année.

Le collectif, co-fondé par Caroline De Haas et créé en réponse au mouvement #MeToo en 2018, lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Il était déjà à l’initiative de la manifestation féministe qui s’est tenue samedi 19 novembre dans les rues de Lille.

“Prenez nos plaintes”

Mercredi, en début de soirée, le collectif Nous Toutes Lille s’est à nouveau mobilisé avec une action devant le tribunal de la ville. Une dizaine de militantes se sont assises sous les fenêtres de l’édifice pour former un sit-in. Le but de l’action : dénoncer l’inaction de la justice française et l’impunité des agresseurs. Sur les pancartes, le collectif rappelle quelques chiffres : “0,6% des violeurs condamnés [une statistique obtenue en comparant le nombre de condamnations et le nombre de viols déclarés, NDLR]”. Les manifestants et manifestantes scandent : “État coupable, justice complice“, “prenez nos plaintes”. Les visages couverts de peinture rouge leur bâillonnant la bouche, les militantes ne sont pas restées silencieuses pour autant. Elles s’écrient : “Pour que nos vies ne soient plus classées sans suite.”

Ce mercredi midi, de nouvelles révélations concernant l’affaire Quatennens ont été dévoilées dans la presse. Rappelons que le député LFI nordiste a été accusé, en septembre dernier, d’avoir giflé et harcelé moralement sa compagne, Céline Quatennens, en plein divorce. Dans un communiqué du 18 septembre, il avait admis lui avoir “donné une gifle”, “pris son téléphone” et lui avoir “envoyé de trop nombreux messages”. Ce 23 novembre, Céline Quatennens a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) avoir été victime de violences physiques et morales depuis plusieurs années. Le député nie ces accusations. Le Pépère News a demandé leur ressenti à Lola et Ilona, deux militantes présentes au sit-in : “Cette affaire montre bien que ça touche tout le monde [NDLR : les violences sexistes et sexuelles] et que ce n’est pas forcément un problème de classe sociale, c’est un problème social, c’est ce qu’on cherche à dénoncer. Ce n’est pas un problème de personnalité, ce n’est pas quelqu’un de fou dans la rue, c’est monsieur tout le monde”. Le député LFI comparaîtra le 13 décembre au tribunal de Lille, et les deux militantes affirment : “On sera là c’est sûr, c’est en cours d’organisation.

“Nous réclamons plus que des paroles”

Ce vendredi, c’est avec un die-in que le collectif Nous Toutes Lille s’est fait remarquer. 121 militantes se sont allongées sur la Place de la République pour rendre un hommage aux 121 victimes de féminicides depuis ce début d’année 2022 (soit une femme tuée tout les 3 jours). L’action a débuté vers 18 heures, face à la préfecture de Lille et elle n’est pas passée inaperçue. Chaque militante portait le nom d’une victime, son âge et sa date de décès sur une affiche cartonnée: “Justine, 20 ans, 27/10/2022, Sasia, 30 ans, 17/09/2022, “anonyme, 45 ans, 27/01/2022”. Une femme au milieu de cette foule dénonce la défaillance du système judiciaire : “Le système encourage les agresseurs en leur offrant une impunité […] c’est une double peine pour les victimes.”  Une minute de silence a été observée, suivie de l’énumération des 121 noms des victimes. Le collectif rappelle également que 65% des victimes de féminicides avaient saisi la justice, et Nous Toutes Lille réclame davantage d’actions de la part du gouvernement.

Une petite quarantaine de passants s’est regroupée autour de ce die-in. Un groupe de jeunes passantes s’écrie “on est de tout cœur avec vous “. En demandant l’avis des spectateurs, les mêmes réponses reviennent : “On a vu des corps allongés alors on est venus voir, c’est très surprenant”, confie un couple de quadragénaires. “C’est formidable ce qu’elles font, bravo”,  dit une Lilloise. L’action se finit sous quelques applaudissements et une grande émotion règne sur la Place de la République.

die in Place de la République ce vendredi
© Jeanne Olagne / Pépère News

Des actions pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes

Ces actions s’inscrivent dans le cadre de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes de ce 25 novembre, instaurée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) depuis 1999. Cette journée a été créée suite à l’assassinat des sœurs et militantes féministes Mirabal par le dictateur de l’Etat dominicain Rafael Trujillo.

Depuis plusieurs mois, Nous Toutes demande à l’Etat de consacrer 0,1% de son PIB à la lutte contre les violences faites aux femmes. Le collectif réclame un déploiement massif de dispositifs de protections déjà existants (tel que des bracelets anti-rapprochement) ou encore l’augmentation du nombre de personnes chargées d’accompagner et de protéger les victimes. Ces manifestations ont pu sensibiliser un petit nombre de passants dans les rues de Lille, mais l’objectif principal est avant tout d’obtenir des actions de la part de l’Etat. Les obtiendront-elles ? Affaire à suivre…

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