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Présidentielle. Nathalie Arthaud en campagne à Sciences Po Lille

Présidentielle. Nathalie Arthaud en campagne à Sciences Po Lille

Nathalie Arthaud

Ce lundi 7 février, la candidate Lutte Ouvrière à l’élection présidentielle, Nathalie Arthaud, a présenté son programme. Au cours d’une conférence organisée par l’Arène de Sciences Po Lille, celle qui se dit “communiste révolutionnaire” a pu aborder les thèmes du travail, de la jeunesse et de l’écologie.

Après une première intervention sur le campus Pont-de-Bois dans la matinée, la candidate a continué sa tournée des amphithéâtres à Sciences Po Lille. Devant une assemblée d’une centaine de personnes et un public mi-conquis, mi-curieux, Nathalie Arthaud a martelé ses convictions. Ses sympathisants étaient présents pour applaudir sa vision d’une société portée par le camp des travailleurs.

La successeuse d’Arlette Laguiller à la tête de Lutte Ouvrière a rappelé son opposition concernant une alliance avec les deux autres candidats révolutionnaires. Pour elle, si sa candidature fusionnait avec celle de Philippe Poutou et Anasse Kazib, ils ne possèderaient plus qu’un seul créneau de temps de parole au lieu de trois. Au cours d’une conférence qui a duré près de deux heures, l’agrégée d’économie et de gestion a également pu dire quelques mots sur la laïcité et le pass vaccinal, toujours en fustigeant le capitalisme.

Les “travailleurs”, le cœur de son programme

“Nous, on ne dit pas ‘Françaises, Français’, on dit ‘travailleuses, travailleurs’ !” Cette exclamation lancée par Nathalie Arthaud en milieu de conférence se veut être l’aiguillon de sa candidature : défendre le “camp des travailleurs” face aux “bourgeois capitalistes”. “Mon but, c’est de renverser le capitalisme” explique-t-elle, car “cette société capitaliste marche sur la tête à tous les niveaux”. Fustigeant les grands patrons “aveuglés par le fric” dans une société où seuls “les profits et les cours boursiers” comptent, la candidate cherche à convaincre par la sidération. En prenant exemple sur le PDG de LVMH Bernard Arnault qui “a encaissé au titre de l’année 2021 3,8 millions d’euros par jour, soit 2 SMIC par minute !”, dernier chiffre sur lequel elle insiste, la candidate Lutte Ouvrière n’aura pas laissé de marbre ses auditeurs circonspects.

Pour faire face à la “folie de cette société” et aux “aberrations” qu’elle impose, cette “communiste révolutionnaire” intarissable s’inspire des théories de Marx et d’Engels, dont l’abolition de la propriété privée est un pilier. Défenseuse de “ces hommes et [de] ces femmes qui traînent du matin au soir et qui galèrent pour vivre, pour se chauffer, pour se nourrir, pour se loger…”, elle souhaite la fin du secret des affaires, qui “musèle les travailleurs” et leur cache “les véritables fruits de leur travail”.  L’unique solution qu’apporte la candidate est : la révolte des “exploités du monde d’en-bas”. Se répétant constamment, cherchant ses mots souvent, Nathalie Arthaud parvient cependant à recueillir des applaudissements venant saluer une vision différente de la société et du travail.

Un programme sans proposition pour la jeunesse

En début de conférence, Nathalie Arthaud a rappelé qu’elle n’était aucunement là pour espérer entrer à l’Elysée en mai prochain. Alors, au moment de parler de l’absence de propositions pour les jeunes dans son programme, elle fait comprendre à l’assemblée qu’elle pourrait promettre 2 000€ à chaque jeune si elle le voulait. Pointant du doigt les autres candidats qui véhiculent des illusions sur le RSA jeune ou n’importe quel autre revenu, elle clame haut et fort que ce sont les parents qui payeront cette allocation et jamais le patronat.

Nathalie Arthaud
Pour Nathalie Arthaud, le capitalisme n’est plus soutenable et doit être “renversé”. © Hugo Maltese

Retombant toujours sur son discours classique, elle tacle les politiques en les accusant d’être des “paillassons du capitalisme” une fois au pouvoir. Elle invite alors la jeunesse à se battre et à lutter pour obtenir gain de cause. “Moi ce que j’ai envie de dire à la jeunesse c’est que ça dépend de vous si vous voulez changer la société […] et que c’est possible”. Ses propositions pour les jeunes : les encourager et les conforter dans leurs luttes et donner des perspectives à la prochaine génération pour déboucher, un jour, sur une société communiste : “Vous devez trouver le courage de partir à la bagarre”. Une position certes réaliste pour la candidate mais qui n’a pas cessé d’étonner les modérateurs de l’Arène et la partie non-convaincue du public.

L’écologie, sujet de confusion

Ce n’est pas uniquement sur la jeunesse que celle qui se place comme la “défenseuse des travailleurs” aura laissé son auditoire songeur. Sur l’écologie, la professeure d’économie reste confuse, et notamment sur le nucléaire, qui divise la gauche. Elle affirme : “ce n’est pas parce que c’est la question qui divise les politiciens […] que c’est le bon bout par lequel prendre le problème”, préférant persister sur la nécessité de “sortir du capitalisme”. Cette sortie est pour elle la seule solution afin de faire face aux problèmes environnementaux.

Pour véritablement répondre à ces enjeux, il faut qu’il n’y ait avant tout “plus d’intérêts privés” dans le secteur énergétique. Pour soutenir sa position, la candidate fait référence au classement en tant qu’énergie propre du nucléaire par l’UE, “à la grande joie de la France”, décision qui l’a “fait marrer” corroborant “un rapport de force politique qui n’a plus rien à voir avec l’écologie”.

Vous pouvez me mettre dans la case communiste – Nathalie Arthaud

Dans ce secteur, où tous les enjeux “de sécurité, comme pour l’avenir de la planète” sont importants, Nathalie Arthaud n’apporte pour autant rien de concret. “Toutes les énergies polluent”, explique-t-elle,”il faut choisir les moins pires”, sans affirmer lesquelles le sont. Elle conclut en réaffirmant son absence de prise de position, maintenant avec elle, la confusion : “c’est difficile de me mettre dans une case pro ou anti nucléaire, par contre, vous pouvez me mettre dans la case communiste”.

Tantôt convaincante, tantôt confuse, la “communiste révolutionnaire” assumée fait le serment d’une société capitaliste tombée dans la “folie”. Arguant la nécessité de sortir du capitalisme, fer de lance de son programme, elle ne propose pour autant aucune solution concrète. En présentant sa troisième candidature à l’élection présidentielle, Nathalie Arthaud aspire une nouvelle fois à faire entendre et porter, sans aucune autre prétention, les revendications “du camp des travailleurs”.

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