À Lille, Martine Aubry tient les rênes du déconfinement
En visioconférence de presse, la maire de Lille a présenté le protocole d’accord pour la réouverture des commerces. Elle était accompagnée de représentants des commerçants ainsi que des maires de Lomme et Hellemmes. Tous se disent prêts à accueillir de nouveau les habitants dans leurs communes et dans leurs établissements. Mais tout sera-t-il prêt à temps pour garantir la sécurité sanitaire des Lillois, Lommois et Hellemmois ?
“Relancer l’activité économique pour éviter la crise sanitaire”, voici ce que préconise Martine Aubry tout en insistant très sérieusement sur les règles de distanciation qui devront être respectées.
À Lille, le 11 mai, il vous sera possible de vous rendre dans vos commerces habituels et de flâner entre les étals des marchés. Néanmoins, vous devrez respecter le mètre de distanciation et les gestes barrières recommandés, prioriser les paiements en carte bancaire ou sans contact à ceux en espèces, et “privilégier le port du masque pendant vos achats”. Dans les commerces du textile et de l’habillement fermés depuis deux mois, des règles plus strictes pourront être appliquées et la période des soldes pourrait être repoussée. Par exemple, les vêtements essayés ne pourront être remis directement en rayon et les cabines d’essayage devront être régulièrement nettoyées. Romuald Catoire, président de la Fédération Lilloise du Commerce de l’Artisanat et des Services (FLCAS), mise sur “l’autodiscipline” des Lillois et précise que “le redémarrage se fera en deux temps” : un premier sur la courte durée, dès le 11 mai, et un autre “sur le long terme d’ici un à deux ans”.
“Les habitants sont la clé” – Hélène Hatier, présidente de l’union commerciale du Coeur de Lille.
David Sohet, Hélène Natier et Sandy Blancke, représentants commerçants, se réjouissent que les établissements puissent rouvrir suivant une même méthodologie et un même protocole. Chaque commerçant recevra un “kit de redémarrage” avec du gel hydro-alcoolique et du ruban adhésif pour “matérialiser les files d’attente” et “réguler les flux”. Pour le maire de Lomme Roger Vicot, ce protocole “répond à des difficultés pour les commerçants et à des craintes pour les habitants”. Ce plan local de relance économique “fait écho au début du confinement”, alliant “harmonisation et confiance”, déclare Franck Gherbi, maire d’Hellemmes, qui “espère que les habitants reviendront en masse” une fois qu’ils auront compris que ce n’est pas dangereux.
Mais les commerçants craignent une affluence très réduite et en appel au soutien des habitants. “Ils sont la clé”, déclare avec espoir Hélène Natier, présidente de l’union commerciale du Coeur de Lille. “Sans eux, les commerces ne pourront pas animer le centre-ville”.
Malgré des critiques de l’opposition, la maire tient le cap et organise le déconfinement local
“Nous avons agi dès le départ en mettant en place une cellule de soutien pour les commerçants”, se défend la maire socialiste face aux accusations de ses adversaires sur son inaction et sa mauvaise gestion de la crise. Quant à la proposition de sa rivale Violette Spillebout sur la création d’un “fonds de sauvetage municipal” pour les commerces, M. Aubry rétorque que “ce n’est pas le rôle d’une municipalité que de créer un fonds de soutien”, mais plutôt celui “de l’Etat ou de la région”.
⚡️« La maire est dans le mauvais tempo » – Violette Spillebout.
— Pépère News (@PepereNews) April 29, 2020
En visioconférence de presse ce midi, la candidate LREM à Lille @VSpillebout a qualifié « d’inacceptable » la gestion politique de la crise par la maire de la capitale des Flandres @MartineAubry.
© @celiaconso
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Il y a une dizaine de jours, la municipalité lançait un appel aux couturiers de Lille dans le cadre de l’opération “des masques pour tous”. Mais aujourd’hui, la maire de la capitale des Flandres s’inquiète : les masques seront-ils prêts pour le 11 mai ? Les autorités locales mettent tout en oeuvre pour que ce soit le cas. Des commandes de masques chirurgicaux en papier ont été passées pour compléter les effectifs de l’opération solidaire et un accord a été conclu avec les services de La Poste pour la livraison de deux masques par foyer.
Quant à un plan de circulation en ville, l’adjoint au maire Jacques Richir assure que la municipalité “travaille avec la MEL”, notamment concernant la modification des horaires de bus et leur fréquentation. Les questions de la place du vélo en ville et de la sécurité des cyclistes qui souhaiteraient s’y déplacer ou la rejoindre depuis les communes alentours ont aussi été posées sur la table. Le 11 mai, il y aura plus de bus pour désengorger les métros, en appliquant un système de quota par véhicule. A titre d’exemple, M. Aubry invoque la possibilité de remplacer provisoirement des places de parkings par des files d’attente devant les commerces, à leur demande, ou de “réduire les voies voitures pour sécuriser au mieux les cyclistes”. Elle présentera un plan plus détaillé sur la mobilité la semaine prochaine.
“On n’ouvrira pas de classes sans sécurité sanitaire absolue” – Martine Aubry.
Ces dernières semaines, la maire socialiste avait déjà fait part de ses inquiétudes quant aux modalités “floues” du gouvernement sur le déconfinement progressif du 11 mai. Alors qu’une reprise des cours à 15 enfants par classe lui semble trop risquée, elle dénonce aujourd’hui la logique de volontariat annoncée par le Premier ministre mardi dernier. “Le volontariat n’est pas une bonne chose. On laisse aux parents une responsabilité énorme.” Ces derniers jours, les parents des enfants scolarisés à Lille ont été contactés et sondés pour anticiper le nombre d’élèves qui s’assiéront de nouveau sur les bancs de l’école à partir du 11 mai. Mais M. Aubry l’assure : toutes les classes ne pourront peut-être pas rouvrir.
Tandis que tous les événements culturels de cet été se font déprogrammer un à un partout dans l’hexagone, la Braderie de Lille fait largement parler d’elle. Mais la priorité n’est surtout pas à l’organisation de l’événement qui doit se tenir du 5 au 6 septembre, et qui rassemble chaque année deux à trois millions de visiteurs. M. Aubry attend le bon moment pour annoncer sa tenue ou sa déprogrammation. Mais si la plupart des activités culturelles ne pourront pas reprendre, les bibliothèques et les médiathèques auront la possibilité de rouvrir dès le 11 mai.