Entretien avec Daryl Bultor : nordiste et champion olympique

A l’aube de la reprise de la saison régulière avec son club du TLM (Tourcoing Lille Métropole), le tout récent médaillé olympique, Daryl Bultor s’est entretenu avec le Pépère News. L’attaquant guadeloupéen revient sur son été mouvementé avec l’Equipe de France de Volleyball et se projette sur la saison à venir dans le Nord. 

Pépère News : Cet été, alors que la France n’avait jamais passé les quarts des JO, les Bleus ont remporté la médaille d’Or à Tokyo. Un succès inespéré ou logique au vue de votre préparation ?

Daryl Bultor : Inespéré non. Je pense qu’on s’est bien préparés et moi je pensais qu’on pouvait aller en demi-finale. Mais jamais je n’ai pensé qu’on pouvait autant réussir tant le niveau est élevé aux Jeux. Je trouve que c’est un beau succès et il est la preuve que le travail pendant 5 ans (à cause du décalage des JO) a porté ses fruits.

Comment avez-vous vécu ces JO sous Covid ? Et comment avez-vous vécu les protocoles Covid et les restrictions là-bas sur place ?

Ce n’était pas une déception mais malheureusement on a pas vécu les mêmes Jeux Olympiques que le Brésil en 2016, qui, à domicile, a pu profiter de son public. C’était un peu moins bien. Mais bon on a gagné alors on ne peut pas parler de déception ! Cette médaille et ce titre c’est le Graal de tous les sportifs. On a juste vécu cette quinzaine différemment. Les restrictions on les a plutôt bien vécues, parce qu’au Japon les tests antigéniques sont salivaires, c’est quand même moins embêtant que le coton-tige dans le nez tous les jours.

Ces Jeux étaient la dernière compétition pour le coach Laurent Tillie, après 9 ans à la tête de cette équipe. Quelle était l’ambiance dans le vestiaire ? Les adieux n’étaient-ils pas trop durs ? 

On y a pas trop pensé pendant les Jeux. Ce n’est pas notre style ni celui du coach de pleurer sur notre sort. Les adieux n’ont pas du tout été difficiles parce on se quitte sur une médaille d’Or. On s’est dit “au revoir”. Il nous a souhaité le meilleur pour la suite de nos carrières et on a fait de même.

Comment s’est passé le changement de coach cet été ? Laurent Tillie a été remplacé par Bernardinho

Il s’est plutôt bien passé, il a fait beaucoup d’efforts comme par exemple se forcer à nous parler en français. Pour quelqu’un qui a commencé le français depuis seulement quelques mois je trouvais ça très fort. Ce sont des manières d’entraîner différentes et je pense que ça a donné un coup de frais à l’équipe parce qu’après tous ces matchs, une certaine lassitude s’installait après ces Jeux. Après avoir gagné, il a été un peu difficile de repartir mais en somme, la transition s’est bien passée.

Ce changement arrive en temps voulu, non ? L’équipe de France était-elle en fin de cycle ?

Oui il tombe au bon moment mais je pense aussi que nous aurions encore pu faire de belles choses avec Laurent. C’est juste qu’effectivement c’était une fin de cycle et que lui voulait autre chose et les joueurs aussi. Cela s’est bien goupillé.

Comment expliquer la défaite de l’Euro (1er-19 septembre) après des Jeux si flamboyants ? 

Déjà, je pense que physiquement on a pris un coup, parce qu’on a pas eu le temps de faire une préparation physique pour l’Euro alors qu’on en a fait une pour les Jeux. Ça a tenu au début parce qu’on surfait sur la vague et l’euphorie du titre, mais c’était sûr qu’à un moment toute l’équipe allait plonger. On aurait aimé que ça tombe pendant un entraînement et qu’on soit tous nuls, mais malheureusement c’est arrivé en match. Je pense tout de même que ce n’est pas l’Euro qu’il faut retenir de cet été ! (Ndlr : Effectivement !)

C’est une surcharge du calendrier ? 

Oui tout à fait, on a eu trois compétitions (Ligue des Nations, Jeux Olympiques et Euro) et on a joué près de 30 matchs dans tout l’été. Si on avait été plus loin, on en aurait fait encore plus. Donc je pense juste qu’à un moment les organismes étaient fatigués et on s’est écroulés.

Justement là il faut repartir ! La saison reprend vendredi, dans quelle condition physique abordez-vous la saison personnellement ? 

Honnêtement je suis un peu dans le dur physiquement et j’ai du mal à repartir. Mais après il faut donner du temps au temps et ce n’est pas parce qu’on perd ou qu’on débute mal la saison qu’elle est ratée. Quand on voit notre parcours aux JO ou celui d’équipes comme Montpellier ou Chaumont la saison dernière, qui sont allées loin alors qu’au début elles perdaient, ça ne veut pas dire grand chose.

Les objectifs de la saison passée ont été atteints, à savoir aller en play-offs. Avec du recul, quel regard portez-vous sur elle ? 

On a manqué de lucidité sur la fin de la saison régulière et on aurait pu grappiller quelques points qui nous auraient servi à être plus haut au classement et éviter ce quart de finale difficile contre Cannes, qui finit championne. On aurait pu aller plus loin mais les choses se sont passées comme ça. La saison n’est pas du tout ratée, mais mais les objectifs n’ont pas été totalement remplis.

Pour cette nouvelle saison à venir, quels sont les objectifs du club ? 

On va essayer d’accrocher une place en coupe d’Europe (donc accrocher le Top 5 après avoir fini 8e) et de viser une demie de play-offs. Même si pour l’instant on a pas encore eu de réunion sur les objectifs, ce sont ceux que, j’imagine, on peut viser. 

J’imagine que vous avez hâte de retrouver votre public de Tourcoing vendredi soir contre Chaumont, une équipe qui vous a posé des problèmes l’an passé ? 

Oui c’est une équipe contre laquelle on a eu des difficultés, on a gagné le match aller ici, à domicile, mais on a perdu là-bas, ça va être un gros match. On compte bien sûr sur notre public qui va faire la différence après un été et même une année complète à huis-clos. Ça va nous faire beaucoup de bien de retrouver notre public.