Harry Styles, premier homme à faire la Une de Vogue
Nouvelle icône de la mode non-genrée, Harry Styles entre dans l’Histoire en devenant le premier homme à faire la Une de Vogue. S’affichant fièrement en robe, il détruit le concept de virilité toxique.
Pour la première fois en 127 ans d’existence, le magazine de mode emblématique choisit de mettre un homme en première de couverture pour son édition de décembre. Mais pas n’importe quel homme : le chanteur Harry Styles, au style extravagant, brisant les codes de la mode et détruisant ce que l’on appelle « la masculinité toxique ».
Plus qu’une direction pour le jeune chanteur
Le jeune chanteur de tout juste 26 ans s’est fait connaître avec le groupe des One Direction. À sa dissolution en 2016, Harry Styles commence une carrière musicale solo et rencontre un grand succès. Sa carrière prend un nouveau tournant en 2017, année où il est choisi pour jouer le rôle d’Alex, un des personnages secondaires du film Dunkerque, réalisé par Christopher Nolan.
Mais là où Harry Styles se distingue réellement, c’est sur son sens du style. En octobre 2018, il devient l’une des égéries de Gucci et apparaît sur le tapis rouge du Met Gala en 2019, habillé d’une combinaison en dentelle de la marque. Des robes, de la dentelle, du vernis ou encore du maquillage, Harry Styles n’a pas peur de briser les règles imposées par la société.
Il supprime l’idée de genre et se plaît à perturber la mode. « Lorsque vous enlevez : « Il y a des vêtements pour hommes et il y a des vêtements pour femmes », une fois que vous faites tomber les barrières, vous vous donnez véritablement le champ libre » déclare Harry Styles dans les colonnes de Vogue. Deux fois plus de vêtements pour deux fois plus de combinaison et de possibilités, voilà ce que soutient le chanteur. En s’affirmant et en s’assumant homme dans des vêtements considérés féminins, Harry Styles permet de détruire l’image de virilité toxique, un énorme problème de société.
La virilité toxique et la notion de genre
Si les femmes empruntent sans problème des vêtements du vestiaire masculin en mettant des vestes de tailleur ou des costumes par exemple, le style inverse est rare. Les hommes rechignent à porter du vernis ou à se maquiller par peur du jugement ou de ne pas paraître assez « viril ». Heureusement, ces derniers temps, cette tendance évolue. Entre les icônes masculines qui brisent les normes de genre tels Harry Styles ou l’acteur Ezra Miller et le développement du style androgyne à travers les icônes e-boy de la plateforme TikTok, nombreux sont les acteurs détruisant la « masculinité toxique ».
La « masculinité toxique » est une façon de percevoir l’homme et la virilité de façon stéréotypée et négative. En ce sens, pour être un « vrai homme », il ne faut pas montrer ses sentiments, il faut être musclé, savoir se battre, mais surtout paraître hétérosexuel et correspondre aux critères masculins. Ainsi la virilité toxique interdit aux hommes le maquillage, les crop-tops et tout attribut « féminin ». D’après le Docteur Agnès Pargade, une spécialiste en pédopsychiatrie, “ce phénomène se répand notamment à cause de l’influence de l’environnement extérieur”. Les films, l’éducation, les réseaux sociaux ou encore les publicités contribuent à répandre cette image. Cette perception de l’homme est toxique, car elle entraîne du harcèlement, du mépris et met une lourde pression à toutes personnes de genre masculin ne correspondant pas à ces critères. Par ailleurs, elle impose l’homme hétérosexuel comme dominant et supérieur, raisonnement par conséquent homophobe et machiste.
La société tend à détruire ce phénomène. Par exemple, de plus en plus de marques proposent des rayons de vêtements neutres. C’était déjà le cas de nombreuses friperies, rejointes récemment par des enseignes de fast fashion telles que Zara, H&M ou Hema qui proposent des collections sans préciser le genre du vêtement. Néanmoins, même si on peut voir de plus en plus de pièces neutres lors de défilés, le calendrier des Fashions Week reste très genré avec une « Fashion Week homme » en janvier et en juin et une « Fashion Week femme » en septembre et en mars. Ces initiatives restent par ailleurs très critiquées et le style jugée “trop féminin” de Harry Styles dans le prochain magazine de Vogue fait beaucoup parler de lui.
La Une qui fait polémique
L’annonce de cette Une sur les réseaux sociaux a suscité de nombreuses réactions notamment sur le réseau social Twitter avec plus de 300.000 retweets. De nombreuses personnes se sont prononcées pour, mais aussi contre le magazine. Paradoxalement, le choix du magazine a révolté les plus réactionnaires mais aussi une partie de la communauté LGBT.
.@harry_styles is our December issue cover star!
Read how the star is making and playing by his own rules: https://t.co/tQPLi5OEtj pic.twitter.com/AxZgxE68Rx
— Vogue Magazine (@voguemagazine) November 13, 2020
Les conservateurs reprochent le manque de “virilité” du chanteur. La commentatrice politique connue pour son militantisme conservateur, Candace Owens, répondait au tweet de Vogue en disant : « Aucune société ne peut survivre sans des hommes forts. L’Orient sait cela. En Occident, la féminisation régulière de nos hommes en même temps que le marxisme est enseigné à nos enfants et ce n’est pas une coïncidence. C’est une attaque pure et simple. Ramenez les hommes virils. » D’autre part, certains adhérents de la communauté LGBT déplorent que la première figure masculine à faire la une de Vogue soit un homme blanc cisgenre : « Est-ce que je pense que les hommes blancs devraient être considérés comme le visage de la mode neutre ? Non« , soutient Alok Vaid-Menon, un artiste non-conforme au genre. Et malgré leur soutien pour le chanteur, ils soulignent le manque de diversité du magazine.
« Est-ce que je pense que les hommes blancs devraient être considérés comme le visage de la mode neutre ? Non.« – Alok Vaid-Menon, artiste.
Des femmes transgenres avaient déjà fait la Une de Vogue Paris dans une édition spéciale sur la beauté des personnes transgenres mais jamais la Une de Vogue US comme Harry Styles. Heureusement, l’artiste britannique a aussi de nombreux soutiens. Il est défendu par ses 32 millions d’abonnés et encouragé par de nombreuses célébrités comme Olivia Wilde, une actrice et productrice américaine, ou l’acteur Elijah Wood, interprète de Frodon dans Le Seigneur des Anneaux.