Le Règne Animal : et si on revenait à l’état sauvage ?
Le lundi 25 septembre, quelques chanceux ont pu découvrir, en avant-première, le nouveau film de Thomas Cailley, Le Règne Animal. De passage dans la métropole lilloise, l’équipe du film a longuement échangé avec les spectateurs curieux et conquis par ce nouveau long-métrage, d’un genre rare pour le cinéma français.
C’était une belle soirée pour le cinéma UGC de Lille qui a accueilli, dans sa plus grande salle, près de 500 cinéphiles à l’occasion d’une nouvelle avant-première, placée sous le signe du cinéma de genre. Au programme : la nouvelle fiction fantastique et déroutante de Thomas Cailley, Le Règne Animal. À l’affiche, un casting de rêve partagé entre Romain Duris et Adèle Exarchopoulos, deux étoiles du cinéma français, et Paul Kircher, qui, du haut de ses 21 ans, a déjà été nommé dans la catégorie “Meilleur Espoir Masculin” aux Césars 2023 pour son rôle dans le film Le Lycéen de Christophe Honoré.
Dix jours avant la sortie officielle du long-métrage, l’équipe du film était en pleine tournée des cinémas français pour présenter son nouveau projet au grand public. La salle était comble et les spectateurs, heureux de pouvoir échanger avec le réalisateur. Malgré une légère déception concernant l’absence d’Adèle Exarchopoulos (qui avait été annoncée auparavant sur les réseaux sociaux du cinéma), la soirée a été illuminée par la présence surprise d’un des acteurs principaux, Romain Duris, qui a salué le public et introduit brièvement le film, avant la projection.
Un film qui bouscule les codes du cinéma français
Ce n’est pas un hasard si Le Règne Animal a été le film d’ouverture de la sélection “Un Certain Regard” du Festival de Cannes 2023. Section dérivée du festival, elle met en perspective un cinéma désigné comme étant plus original et audacieux, souvent réalisé par des cinéastes encore peu connus. Avec un seul long-métrage au compteur (Les Combattants, 2014), Thomas Cailley propose ici un film dit “de genre”, plutôt original pour le cinéma français, beaucoup plus habitué aux comédies.
S’orientant sans complexe vers la science-fiction et le fantastique, Le Règne Animal nous immerge in medias res dans une société où les humains sont aléatoirement touchés par un virus les transformant petit à petit en animaux. Dès la première scène, on comprend que le phénomène n’est pas nouveau mais qu’il provoque, au sein de la population, une méfiance importante face à cette forme inédite d’altérité. Thomas Cailley profite de ce long-métrage pour aborder de nombreux thèmes qui résonnent dans les problématiques de notre société actuelle. Sans spoiler ceux qui seraient déjà sur le chemin des salles, les questions d’identité, et de rapports à la différence et à l’autre, sont autant de dimensions qui font du Règne Animal un film éminemment politique, qui interroge le rôle actuel de la France dans ces sujets.
Les relations familiales sont également centrales. Le rapport et la transmission entre père et fils est interprété de manière brillante par Romain Duris et Paul Kircher. À ce propos, lors de l’avant-première l’acteur de 49 ans explique : “Avec Paul, ça a été très direct. […] C’était une entente pure et sincère. Trois jours après notre rencontre, on tournait. J’étais le père et il était le fils mais c’était facile. On n’a pas eu besoin de travailler cette relation et ça se voit dès les premières scènes”.
Un échange privilégié…
À la suite de la projection, les cinéphiles présents ont pu échanger pendant près de quarante-cinq minutes avec Thomas Cailley et son producteur, Pierre Guyard. Les questions s’enchaînaient et ne s’arrêtaient pas. Les spectateurs exprimaient, à l’unanimité, leur émerveillement pour le film. Les questions ont notamment évoqué le genre du long-métrage, ses thèmes, son histoire et son futur, ainsi que les inspirations et références du réalisateur, proches du film The Host (Bong Joon-ho, 2006).
Au vu des effets spéciaux présents dans le film, les aspects financiers et techniques ont également été abordés. En effet, malgré un budget de 15 millions d’euros (bien loin des 4,4 millions moyens pour les films français), l’aspect fantastique du film a demandé beaucoup de travail à Thomas Cailley et ses équipes.
Il explique : “Durant la préparation du film, on a étudié toutes les technologies possibles pour retranscrire la vie des animaux. […] On s’est dit qu’on allait hybrider toutes ces technologies, alterner entre tournage et post-production. […] Il fallait simplement que le spectateur ne voit pas la technique, pour être le plus organique, le plus réaliste possible”. Concernant le temps de préparation, il ajoute : “La conception a été très longue. La préparation d’un film, c’est-à-dire la phase entre l’écriture et le tournage, dure généralement 2 à 4 mois. Ici, on a travaillé durant 18 mois”.
… et des spectateurs conquis
À la sortie de la salle, la majorité des spectateurs semble encore absorbée par le film. Chloé, étudiante, nous confie : “J’ai vraiment aimé Le Règne Animal. La thématique autour de la relation père/fils était super. Durant deux heures, on est totalement plongé dans les paysages, et les effets spéciaux sont le fruit d’un travail époustouflant. Je trouve que ce type de film peut ouvrir de nouvelles portes au cinéma français, ce qui est une bonne chose”.
Le Règne Animal est disponible, en salles, depuis ce mercredi 4 octobre 2023. Lillois et lilloises, vous pourrez notamment le retrouver au cinéma UGC de Lille et au Kinepolis de Lomme. Pour celles et ceux qui voudraient le regarder sous un plaid, tranquillement à la maison, le film sera disponible dans environ quatre mois à la location sur les plateformes de streaming et de VOD.