Présidentielle. À Calais, Éric Zemmour se cache pour éviter la confrontation
Mercredi 19 janvier, Éric Zemmour présentait sa vision de l’Europe à Calais. Mais entre un service de sécurité virulent et des lieux de rendez-vous tenus secrets, le candidat à l’élection présidentielle n’a pas laissé de place au débat. Retour sur un déplacement à huis clos.
C’est un coup de com’ sans prise de risque qu’orchestre Éric Zemmour à Calais. Il prend la parole quelques minutes après qu’Emmanuel Macron ait achevé le discours inaugural de la présidence française à l’Union Européenne, en direct de l’hémicycle strasbourgeois. Comme réponse symbolique, Éric Zemmour s’exprime sur les terres de l’ancienne « jungle » calaisienne. Des milliers d’exilés y ont erré, avant le démantèlement du camp en 2016. Depuis, ils s’abritent dans des campements informels où les expulsions sont incessantes.
Au large, sous le brouillard, on devine les falaises britanniques. Perché sur le toit d’un blockhaus, surplombant une pâture de chevaux au galop, Éric Zemmour prend la parole. Le candidat sert le discours redondant de l’extrême droite anti-immigration et critique l’universalisme européen défendu par le président de la République, au profit du « droit des Français ». Il évoque ironiquement « ceux qui veulent nous envahir », omettant que les personnes exilées à Calais souhaitent avant tout gagner l’Angleterre. En foulant un bunker datant de la Seconde Guerre mondiale, Éric Zemmour veut envoyer le message d’une France forte, puissante militairement, lui qui veut sortir de l’OTAN. Mais d’autres y verront le symbole d’une France qui, par peur, s’enferme sur elle-même.
Un candidat quasi invisible
Connaître la réponse d’Éric Zemmour à Emmanuel Macron, n’était pas une mince affaire pour les journalistes. Seuls quelques privilégiés armés de leur carte de presse ont pu suivre le candidat jusqu’au bout du chemin des Dunes. Face à la mer du Nord, Éric Zemmour fait peu d’allusion au discours prononcé par le chef de l’État mais affirme qu’il faut « expulser tous les clandestins et arrêter les pompes aspirantes : sécurité sociale, aide médicale, aides au logement, tout ». À la fin de cette première intervention, d’autres privilégiés attendent le candidat un peu plus loin. Munie d’une invitation fournie par le comité de soutien d’Éric Zemmour, une trentaine de citoyens-militants est venue l’encourager. « Zemmour 2022″ scandent les militants pour accompagner le départ du candidat qui ne leur a accordé que quelques minutes d’échange.
Alors qu’il avait gardé le lieu de sa première visite secret jusqu’à trente minutes avant son allocution, Éric Zemmour n’a pas communiqué davantage sur la suite de son périple. Selon Thibault, adhérent de Génération Z, l’objectif était « d’éviter les militants de gauche ». Toutefois, malgré un service de sécurité fidèle au poste et une communication minutieusement préparée, la visite du candidat ne s’est pas terminée comme il l’avait prévu. Après un court passage en catimini sur le port de Calais pour une visite avec son président, Jean-Marc Puissesseau, Éric Zemmour se rend « Au bistrot de la Place » à Mark où il écourte sa visite. Devant le café-restaurant, des militants « antifa » l’attendent. Équipés de pancartes et de mégaphones, ils réussisent à faire rentrer le candidat à Paris.
Face à des opposants convaincus
C’est donc entouré de ses fidèles qu’Éric Zemmour prend brièvement la parole et quitte les lieux aussi rapidement qu’il est arrivé. Parmi son comité d’accueil, Baptiste, Anthony et Thibault, trois étudiants dunkerquois de 21 ans, sont venus témoigner leur soutien : « Zemmour est le seul qui peut apporter un avenir aux jeunes ». Thibault n’implique pas directement l’immigration au problème d’insécurité subi par les jeunes, mais il affirme que « cela ne l’améliore pas ».
Très vite, au-delà du programme, c’est la personnalité d’Éric Zemmour qui semble les séduire. Le sexagénaire serait le seul candidat présent « pour ses convictions ». Michaël, père de famille calaisien, se dit charmé par le « discours » du candidat et par ses prises de positions « plus fermes » et « déterminées ». Ex-soutien du Rassemblement National, il se dit déçu par « l’adoucissement » de Marine Le Pen et désabusé par le quinquennat de Nicolas Sarkozy « qui n’a pas tenu sa promesse du Kärcher ».
Je ne vois pas des manifestants mais des personnes qui nous empêchent de nous exprimer. – Antoine Diers, porte parole de Reconquête
Le déplacement est aussi bien orchestré que sécurisé : chaque minute est comptée et chaque personne identifiée. Les quelques opposants ayant réussi à retrouver le candidat dans leur course contre la montre ont été violemment réprimés par son service d’ordre privé. Antoine Diers, porte-parole du parti Reconquête, fustige “je ne vois pas des manifestants mais des personnes qui nous empêchent de nous exprimer ». Une déclaration presque burlesque face au jeu de cache-cache mis en place par le candidat et ses équipes cherchant à fuir le reste de la population en désaccord avec eux. Du côté de l’opposition politique, seul Aurélien Taché, député de la 10e circonscription du Val d’Oise et ex-LREM a fait le déplacement pour manifester son mécontentement. Soutien de Yannick Jadot, il affirme que “la candidature de monsieur Zemmour n’a pas lieu d’exister”.
Votre article est faux. Zemmour est allé au port APRÈS son repas rapide en centre ville. C’est d’un niveau collège. FAKE NEWS
Bonjour !
Non, Eric Zemmour est bien allé au port AVANT de se rendre « au bistrot de la place » à Mark. Voici la temporalité. 12h30 : allocution au chemin des dunes. 14h30 : visite au port. 16h : il se rend au café-restaurant de Mark (à aucun moment nous n’avons dit qu’il y avait pris un repas, il y a simplement rencontré des sympathisants).
(nous étions sur place mais si vous souhaitez une source supplémentaire : https://euror.fr/a-calais-eric-zemmour-passe-en-coup-de-vent-mediacites/)
A l’avenir, nous vous prions de lire attentivement l’article avant de nous accuser à tort de fake news.
Cordialement,
La rédaction du Pépère News