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Covid-19, des étudiants du monde témoignent #10 : l’Australie est-elle maudite ?

Covid-19, des étudiants du monde témoignent #10 : l’Australie est-elle maudite ?

Alors que l’Australie se remet lentement de la longue série d’incendies qui a ravagé son territoire, elle doit désormais faire face à une nouvelle menace. Quatorzième État le plus riche du monde avec un PIB de 1 417 milliards de dollars, le pays cumule pourtant les catastrophes : incendies, inondations, et aujourd’hui Covid-19. Si l’Australie est moins touchée que la Chine, les États-Unis ou l’Europe, on compte tout de même, le 14 avril, 6 494 cas de contamination et 61 morts. Comment le pays gère-t-il la nouvelle menace ?

Le Pépère News a contacté Cécilia, jeune fille au pair française. Sa famille d’accueil vit à Greenwich, dans la partie nord de Sydney, dans l’État de la Nouvelle-Galles du Sud. Ce dernier est le plus touché par le virus avec 2 870 cas et 25 morts le 14 avril.

L’île-continent se ferme

Il y a quelques semaines, le pays des kangourous faisait l’objet de critiques internationales. Pour cause, le comportement irresponsable de milliers d’Australiens rassemblés sur les plages, bravant le mètre cinquante de sécurité obligatoire décrété. Suite à cela, les autorités australiennes ont fermé Bondi Beach, célèbre plage à vingt minutes de Sydney. D’autres plages ont suivi le mouvement. Ce ne sont pas les seules mesures qui ont été prises : le pays-continent du bout du monde se ferme.

Cécilia est arrivée à Sydney le 13 mars. Elle a échappé de justesse à un isolement individuel de 14 jours. “À partir du 16 mars, les gens qui rentraient en Australie devaient faire une ‘auto-quatorzaine’ à la maison“. À compter du 20 mars, l’Australie a également mis en place l’interdiction d’entrer sur le territoire pour les étrangers de toutes nationalités. “C’est un événement qui ne se produit qu’une fois par siècle“, a affirmé le Premier ministre Scott Morrisson à propos de la situation actuelle. “Nous n’avons pas connu ce genre de choses en Australie depuis la fin de la Première Guerre mondiale.” “Nous allons continuer à faire fonctionner l’Australie, (mais) ça ne ressemblera pas à la normale“, a-t-il prévenu, en avertissant que les mesures mises en places dureraient au moins six mois.

Et pour le confinement ?

De toutes les mesures décidées, le confinement total n’en est pas une pour l’instant. En effet, le Premier ministre Scott Morrison ne veut pas contraindre le pays à vivre trop différemment et a peur des conséquences économiques d’un confinement. Il sera envisagé si la situation empire. Cependant, comme l’explique Cécilia, “chaque État applique déjà des mesures différentes“.

En Nouvelle-Galles du Sud, État le plus touché, les rassemblements publics sont limités à deux personnes (sauf pour les résidents du même ménage). Les habitants de l’île ne sont pas autorisés à quitter leur domicile sans excuse raisonnable. Beaucoup de personnes continuent de se rendre au travail, ce n’est pas interdit. C’est la même chose pour les écoles et les établissements d’enseignement supérieur.

On n’est pas confinés, mais on est incités à rester chez nous au maximum. Les mesures d’hygiène sont prises très au sérieux”, explique Cécilia. “Les gens continuent d’aller au travail, mais on leur conseille le télétravail. Les écoles sont toujours ouvertes, notamment pour les parents qui travaillent et ne peuvent pas s’occuper de leurs enfants, mais c’est mieux de les garder à la maison. Tous leurs cours sont envoyés en ligne. Les élèves qui restent chez eux ont un emploi du temps et des devoirs à rendre.” Enfin, les commerces non-essentiels, comme les bars et les restaurants, sont fermés, mais “on peut toujours aller dans les locaux pour prendre à emporter” précise Cécilia. Finalement, la vie continue presque comme à son habitude : “On fait toujours des sorties, on va se promener, on fait du vélo… mais on ne va pas à la rencontre d’autres gens“.

Une malédiction économique

L’Australie est un pays qui cumule les difficultés. Après la série de feux de forêts mettant à mal plusieurs secteurs d’activités, dont l’agriculture, c’est le coronavirus qui frappe. Le taux de chômage explose. La Bourse australienne chute. Les prix de l’immobilier aussi. “L’Australie a beaucoup de mal à se relever de ses incendies, et maintenant il y a le coronavirus“, se désole Cécilia. “C’est la galère pour l’économie“. Le Premier ministre a d’ailleurs déclaré que le pays allait faire face à une crise économiquesans précédent depuis la Grande dépression“, provoquée par le krach boursier de 1929.

En effet, le gouvernement craint une entrée du pays en récession, une première en 29 ans. C’est pour cela que le Premier ministre a annoncé, jeudi 12 mars, un plan de relance de 18 milliards de dollars australiens (10,3 milliards d’euros). “Ce plan est là pour que les Australiens gardent leur emploi. Ce plan est là pour que les entreprises continuent de fonctionner. Ce plan est là pour que l’économie australienne rebondisse et devienne plus forte quand nous aurons surmonté tout cela“, explique Scott Morrison. La Banque centrale australienne avait également réduit quelques jours plus tôt son taux directeur au niveau historiquement bas de 0,50% contre 0,75% précédemment. Le pays des kangourous parviendra-t-il à se relever de toutes ses malédictions ?

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