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Le dernier mot – Violette Spillebout : “Je suis une femme qui sait prendre des décisions”

Le dernier mot – Violette Spillebout : “Je suis une femme qui sait prendre des décisions”

Violette Spillebout

À quelques jours du second tour des élections municipales à Lille, le Pépère News s’est entretenu une dernière fois avec la candidate centriste Violette Spillebout. L’occasion de revenir sur cette (longue) campagne électorale, la première pour le mouvement présidentiel qu’elle représente. 

Les résultats du sondage qui la place loin derrière Martine Aubry et Stéphane Baly dans les intentions de vote au second tour ne découragent pas Violette Spillebout. Après des mois de campagne, la Lilloise et son collectif “Faire Respirer Lille” continuent de faire passer leur message sur le terrain comme dans les médias, déterminés à faire mentir les pronostics. Entre deux Facebook Live, la candidate du parti présidentiel nous a accordé un dernier entretien afin de revenir sur cette campagne électorale qui prendra fin ce dimanche 28 juin.

Pépère News : Le mercredi 24 juillet 2019, vous étiez désignée par La République En Marche pour mener la liste du parti présidentiel aux élections municipales à Lille. Près d’un an plus tard, quel regard portez-vous sur cette longue campagne ?

Violette Spillebout : Je porte un regard plein d’émotions. C’est une campagne qui est avant tout une très belle aventure humaine, avec les Lillois qui m’ont rejoint et qui ont été de plus en plus nombreux à s’investir dans notre collectif. Une aventure humaine aussi dans la rencontre avec les Lillois ; je suis Lilloise depuis toute petite, je connais bien ma ville et pourtant, c’est quand on fait une campagne municipale, qu’on arpente les rues jour après jour que l’on redécouvre sa ville. On se rend compte à quel point c’est une ville qui bouge, qui change. C’est une ville en perpétuel mouvement et le rôle du maire de demain est d’être capable de s’adapter à ces mouvements et de construire une vision sur le long terme.

Vous imaginiez il y un an être au second tour, distançant de loin les listes insoumises, républicaines et d’extrême-droite ?

Oui je l’imaginais. Quand je me suis lancée dans cette campagne, je suis partie gagnante, je me suis projetée dans le rôle de maire de Lille. J’ai fait toute cette campagne pour démontrer aux Lillois la compétence, l’expérience du collectif que j’ai autour de moi. Avant le premier tour, j’ai déjà rassemblé des Lillois qui vont de la gauche à la droite, en passant par des écologistes et beaucoup de personnes sans étiquette qui s’engagent en politique de façon durable, et ça j’en suis très fière aussi : avoir redonné envie aux gens de se lancer dans une conquête politique dans le sens noble du terme. Et on a aujourd’hui un collectif qui est à l’image de ce qu’est Lille, dans toute sa diversité, ses origines culturelles, politiques, ses âges et ses professions. Et je pense que notre liste est la seule liste à vraiment représenter Lille quand on regarde sa composition dans le détail.

Vous avez axé votre programme autour de l’écologie. Est-ce qu’il a été difficile de se démarquer sur ce thème alors que les écologistes en ont fait logiquement leur cheval de bataille ?

Je n’ai pas cherché à me démarquer mais à faire un programme authentique qui reflète réellement les responsabilités du maire de demain sur la transition écologique et les attentes des Lillois au quotidien. Très naturellement, dans la façon dont nous avons écrit puis présenté nos propositions aux Lillois, on a vu une forte différence entre EELV et nous ; nous ne sommes pas pour une écologie coercitive et punitive mais pour une transition écologique progressive et positive. Il faut s’appuyer sur l’envie des Lillois de progresser dans leurs gestes du quotidien, leur permettre de pratiquer l’écologie avec plus de garages à vélo, des pistes cyclables sécurisées, des composteurs, des micro-déchetteries dans chaque quartier… Et le rôle du maire est de donner les moyens à tous les Lillois d’être chaque jour plus écologique. C’est dans la progressivité, l’accompagnement, la pédagogie et la récompense de chaque effort qu’on amènera l’ensemble de la population à changer ses habitudes.

Qu’est-ce qui vous distingue de la liste “Lille Verte 2020” sur l’écologie ?  

Nous avons une vision de la méthode assez différente avec EELV. Je ne prendrai qu’un exemple : le stationnement. Chez “Lille Verte 2020”, pour avoir moins de voiture en ville, la solution est de supprimer des places de stationnement sur l’espace public. À “Faire Respirer Lille”, on pense qu’il faut d’abord développer les transports en commun et les mobilités douces, offrir des parkings relais aux alentours de la ville reliés à des navettes gratuites pour que ceux qui arrivent en voiture à Lille aient une solution de stationnement pour ensuite prendre les transports collectifs. Si tout le monde prend ces nouvelles habitudes et que les mobilités douces se développent, ces parkings relais pourront disparaître un jour car on ne viendra plus en voiture à Lille. C’est comme ça que je vois l’écologie. On doit aller dans l’ordre des choses en faisant confiance aux gens et surtout en leur donnant les moyens de pratiquer.

Est-ce qu’il a été compliqué d’assumer que vous étiez affiliée au parti présidentiel au cours de cette campagne ? 

Non. Tout au long de cette campagne, les Lillois ne m’ont pas demandé quel est mon parti mais dans quel quartier j’habite, si je suis une vraie Lilloise. C’est ce qui est important pour les électeurs : élire une personnalité qui a son passé dans sa ville et qui voit son avenir dans sa ville.

“L’écologie de théorie ou de discours vaut 1.000 fois moins que l’écologie de l’action et de la progressivité.” – Violette Spillebout, tête de liste “Faire Respirer Lille”

Effectivement, il y a eu des discussions sur les marchés, dans les meetings, sur les positions du gouvernement. Mais ça reste pour moi une très grande fierté d’avoir été investie par La République En Marche car cette majorité présidentielle incarne pour moi un changement de méthode ; faire confiance à des équipes de citoyens qui vont en transversalité du champs politique, de la gauche à la droite, et faire confiance à ceux qui viennent de la société civile. Pour moi, la politique doit revenir au bon sens. Et à Lille, l’incarnation de ce bon sens, c’est corriger les aberrations du plan de circulation, mettre des poubelles partout dans la ville, c’est avoir un maire de proximité qui connait ses commerçants et qui va tous les jours boire son café dans un commerce différent. Et c’est ça que j’incarne au niveau local et qui m’a séduite dans l’offre politique représentée par Emmanuel Macron.

Sur les enjeux écologiques, ça a été difficile d’assumer la politique du gouvernement ? 

Les militants qui s’opposent au gouvernement critiquent la politique écologique d’Emmanuel Macron mais il faut rappeler les choses : qui a fermé Fessenheim ? Qui a fait voter une loi pour le zéro plastique ? Qui travaille avec des commissions parlementaires sur l’économie circulaire et le développement de l’économie locale ? On a un gouvernement et un Parlement qui sont mobilisés sur nombre de questions écologiques et on sait que chaque avancée écologique crée un déséquilibre dans un paysage économique installé, qu’il y a des pressions, des freins, des lobbies… Je pense que le gouvernement, à cette moitié de mandat de président de la République, a déjà fait de très grandes avancées qui n’ont pas été faites par les anciens gouvernements. Donc comme d’habitude, il est facile de critiquer, mais je trouve que l’on a une politique qui est dans l’action. Les petits pas ça ne me dérange pas quand chaque pas s’additionne pour faire un grand pas.

Violette Spillebout
Violette Spillebout le 18 mai 2020 en conférence sur la Grand Place de Lille. © Célia Consolini

Comment vous êtes-vous adaptée à cette campagne pour le second tour ? Est-ce que vous avez revu votre programme concernant certains points ?

L’épreuve du confinement nous a apporté un vrai besoin de proximité donc nous avons décidé de décliner notre programme dans dix quartiers de Lille. Des choses ont changé depuis cette crise sanitaire. La priorité va donc d’abord au développement économique et à l’emploi avec un soutien aux commerces et aux métiers de service, et une vigilance particulière à l’accompagnement de l’emploi des jeunes. Nous avons aussi mis en avant notre projet “d’accessibus”, un bus qui va aller dans tous les quartiers, au pied des immeubles, pour amener les services administratifs et l’accompagnement au plus près des personnes qui ne se déplacent plus dans les services publics. Tout cela doit faciliter l’accès aux droits, ce qui est fondamental dans la crise actuelle.

Vous auriez privilégié une alliance avec EELV plutôt qu’avec LR. Pourquoi cette préférence ?

Ce n’est pas un choix partisan, mais un choix fait en équipe avant le premier tour. Dans nos programmes et dans la façon de faire de la politique, nous imaginions que nous avions plus de proximité avec Stéphane Baly qu’avec d’autres partenaires politiques. Marc-Philippe Daubresse a monté un trio pour faire un coup de communication, et on savait que c’était pour obtenir un poste à la MEL qu’il faisait cette campagne. Mais ce n’est pas dans notre ADN à “Faire Respirer Lille”. Nous voulions être avec des vrais Lillois, engagés dans tous les quartiers de Lille pour porter notre vision de l’écologie et du développement économique. En revanche, j’ai été très déçue par EELV dans le refus de discuter ; ce qu’ils reprochent eux-mêmes à Martine Aubry, ils le font. C’est un manque de respect, un manque d’ouverture et d’échange, un dogmatisme qui ne leur fait pas honneur.

Est-ce que vous regrettez que la droite locale n’ait pas appelé à voter pour votre liste ?

Je pense que les représentants de la droite locale qui se sont exprimés sont de mauvais perdants et que les électeurs de droite, eux, savent très bien pour qui voter. Quand je croise les électeurs de droite à Lille, ils considèrent que ni Thierry Pauchet, qui n’a jamais été tête de liste à une élection, ni Marc-Philippe Daubresse qui est de Lambersart, ne les représentent. Donc je leur fais confiance, le 28 juin, pour faire le choix qui permettra vraiment un nouvel avenir à Lille.

Quelle place occuperont les étudiants et plus globalement les jeunes si vous êtes élue maire de Lille ?

Je fais confiance aux jeunes. Lille est une ville très jeune, beaucoup plus que d’autres métropoles de France. 120.000 étudiants, c’est une chance pour Lille. Mais il faut savoir la saisir, cette chance. Il faut savoir être connecté avec les jeunes par l’intermédiaire de leurs écoles, des réseaux sociaux, il faut parler avec eux et leur faire des propositions car beaucoup d’entre eux ont envie d’être citoyens dans la ville même s’ils sont là pour quelques mois ; ce n’est pas parce-qu’ils ne votent pas à Lille qu’ils ne peuvent pas apporter leur contribution à l’intérêt général.

Vous et votre équipe vous sentez-vous prêts à gouverner pour les six prochaines années ?

Je me sens vraiment prête parce que d’abord, j’ai 47 ans, l’âge de Martine Aubry quand elle est devenue maire de Lille. Je pense que c’est un bon âge pour prendre des responsabilités. J’ai une maturité par rapport à mon expérience professionnelle, à la fois dans le secteur public et dans le privé. Je pense que ces deux ans de campagne m’ont beaucoup appris et rapprochée des Lillois, j’ai entendu leurs besoins de sécurité, de propreté, de fierté et d’écoute. Avec autour de moi une équipe qui est fiable, expérimentée, avec des compétences très variées et qui habite tous les quartiers. Nous sommes vraiment prêts à prendre les manettes de la ville, à continuer avec la même méthode qui est notre marque de fabrique, une méthode de respect, de considération des Lillois. S’il y a deux mots à garder dans “Faire Respirer Lille”, c’est considération et conjugaison. Savoir conjuguer toutes les énergies, les initiatives, les innovations, les engagements, et être capable de prendre des décisions structurantes qui respectent la vie de chacun. Et je suis une femme qui sait prendre des décisions.

Ce sera une désillusion si vous n’êtes pas élue maire ?

Je suis pour la première fois candidate à une élection avec une étiquette politique qui se présente aussi pour la première fois aux élections municipales. La politique, ça se construit dans le temps, dans l’engagement durable. Quoi qu’il en soit, nous serons extrêmement fiers et enrichis des deux ans passés aux côtés des Lillois. Nous serons conseillers municipaux à plusieurs et nous serons mobilisés aux côtés des Lillois, engagés dans la vie civile et politique pour continuer notre travail.

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