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Retour sur les municipales 2020, des rebondissements et des enseignements

Retour sur les municipales 2020, des rebondissements et des enseignements

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Avant de tourner la page, le Pépère News a décidé de retracer cette année 2020 historique. Car il s’en est tout de même passé des choses, et l’heure du bilan a sonné. La rédaction s’est concertée pour établir la liste des cinq points qui ont marqué le grand temps fort politique lillois : les élections municipales.

Même si Martine Aubry est encore sortie vainqueure de cette élection, les municipales lilloises 2020 ont été tout à fait exceptionnelles. Entre désillusions pour la droite, vague verte ou encore première représentation de La République en marche (LREM) à l’échelle municipale, les dynamiques politiques ont été bousculées. Et les municipales n’ont évidemment pas échappé à la Covid-19. Avec la tenue incertaine du premier tour juste avant le début du confinement à la mi-mars, un second tour reporté de plusieurs mois et les campagnes des différentes listes freinées par le confinement, la pandémie a bousculé toute l’organisation du scrutin. Enfin, sûrement accentuée par la peur du virus, l’abstention a atteint des records à Lille, avec seulement 31,37% de participation au second tour. Retour sur cinq temps forts à retenir de ces municipales 2020.

Les Verts, entre frustration et espoir

Conférence de presse et début de campagne pour la liste “Lille Verte 2020” en décembre 2019. © Hugo Palacin / Pépère News

“Pendant des mois le vent du renouveau, le vent du changement, le vent de l’espoir a soufflé sur Lille. Alors, bien sûr, ce soir, votre déception est la mienne. Nous nous sommes approchés si près du but. À une poignée de voix, nous n’avons pas gagné.” Les mots de Stéphane Baly et ses colistiers au lendemain du second tour sont teintés d’amertume. Il faut dire que l’équipe de “Lille Verte 2020”, regroupant cinq partis (EELV, Génération.s, Volt, Génération Ecologie et DiEM25), a cru à la victoire jusqu’au bout. Après presque 20 ans à soutenir Martine Aubry, les écologistes ont décidé de voler de leurs propres ailes et de mener la vie dure à la maire. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la mission a été réussie puisqu’il aura fallu attendre les derniers bulletins pour les départager. Autour de mesures phares telles que la piétonnisation de la Grand’Place ou encore l’aménagement de la friche Saint-Sauveur, Stéphane Baly et son équipe ont impulsé une dynamique verte, notamment chez les jeunes, dans la capitale des Flandres. Et même si la victoire n’était pas au bout, Stéphane Baly l’a promis : “Nous ne nous arrêterons pas.”

Une réélection en demi-teinte pour Martine Aubry

Débat des municipales 2020 à Lille, Martine Aubry et Stéphane Baly - 25/02/2020
Stéphane Baly (EELV) et Martine Aubry (PS) lors du débat du premier tour des municipales à Sciences Po Lille. © Quentin Saison / Collectif Gerda

2020 nous aura surpris jusqu’au bout. L’historique bastion socialiste détenu par Martine Aubry depuis 2001 a bien failli être submergé par la vague verte. Jusqu’aux derniers instants, le basculement a semblé envisageable. L’écart ne s’est légèrement creusé qu’à l’annonce du résultat final : “Lille en commun Lille en confiance”, liste de la maire sortante, l’emporte avec seulement 227 voix d’avance. Une différence minime remettant en cause l’implantation et la force du PS dans la capitale des Flandres. On accusera volontiers les conditions particulières qui auraient découragé les fidèles votants, mais les faits sont là : les Verts ont mis en difficulté les traditionnels occupants du beffroi. Lors de sa dernière conférence de presse, la maire a dénoncé une campagne difficile et émis des peurs quant aux résultats. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ses doutes n’étaient pas infondés. Avec 40% des voix, contre les 39,41% pour son concurrent Stéphane Baly, la légitimité de Martine Aubry en a pris un coup. Un vent de changement a fait chanceler les icônes du passé, et c’est de justesse qu’elles ont tenu. Une fragile réélection, donc, qui s’incrit bien dans l’atmosphère de cette année troublante.

La droite largement distancée dès le premier tour

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Thierry Pauchet, Valérie Petit et Marc-Philippe Daubresse présentant leur liste commune de droite. © Célia Consolini / Pépère News

C’est sans surprise, dans une ville dirigée par le PS depuis près de 20 ans, que les listes Les Républicains (LR) et Rassemblement National (RN) n’accèdent pas au second tour de l’élection. Que ce soit en unissant leurs forces comme Thierry Pauchet, Valérie Petit et Marc-Philippe Daubresse avec leur liste “Tous pour les Lillois” (8,24% au premier tour), sans réelle campagne pour le RN considéré perdant d’avance (6,84% au premier tour), ou en cavalier seul comme Pierre Buissart – officiellement sans étiquette, il se retire de la course pour le beffroi après un meeting sans spectateurs – rien n’y fait. La droite lilloise ne siègera pas au conseil municipal. S’en suit alors un jeu d’alliances pour tenter de porter sa voix jusqu’à l’intérieur du beffroi : Marc-Philippe Daubresse propose à Violette Spillebout de joindre leurs forces, elle refuse. Alors, on appelle à voter à gauche. Thierry Pauchet soutient Martine Aubry, et à Hellemmes, Les Républicains appellent à voter pour les écologistes. On ne retiendra donc pas grand-chose des campagnes des listes de droite à Lille en 2020. À voir si elles seront plus présentes pour les élections régionales et départementales, en général dominées par la droite…

Débats, ébats et coups bas

Julien Poix et Stéphane Baly, lors du débat organisé à Sciences Po Lille, qui a réuni tous les candidats, sauf le RN qui n’a pas voulu participer. © Quentin Saison / Collectif Gerda

La campagne municipale lilloise de 2020 aura été rythmée par de nombreux débats. Ceux qui se sont tenus dans le cadre républicain, ceux qui ont été créés de toutes pièces par communiqués interposés, ceux qui ont parfois eu lieu sur la place publique, mais aussi ceux… qui n’ont pas eu lieu. Côté positif, au Pépère News, nous retiendrons le débat post-premier tour organisé à Sciences Po Lille qui aura eu le mérite de proposer aux Lillois un affrontement digne et respectueux entre les principaux prétendants au beffroi. Loin de nous l’idée de fanfaronner, mais comment ne pas évoquer également deux autres débats que nous avons eu le bonheur et l’honneur d’animer ; celui du premier tour à Hellemmes et celui de l’entre-deux-tours à Lille, avec de “jeunes” candidates des trois listes, co-organisés avec l’Arène de Sciences Po Lille. Pour autant, peut-on dire que les Lilloises et Lillois ont eu la campagne qu’ils méritaient ? Malheureusement, non. Les petites phrases et rancœurs personnelles se sont rapidement substituées aux idées, reléguées au second plan. Chacun y prendra sa part de responsabilité, certains en seront électoralement sanctionnés, mais les Lillois finiront privés de la campagne qu’ils méritaient. Croisons les doigts pour que 2026 ne nous offre pas un bis repetita.

La Dame de Lille sous les protestations électorales

Spillebout Baly Aubry - municipales 2020 Lille
Le triangle Spillebout-Baly-Aubry pour le second tour des municipales de Lille © Célia Consolini / Pépère News

Après des municipales compliquées par la crise sanitaire cette année, les Lillois seront peut-être rappelés aux urnes en 2021. Les candidats Stéphane Baly (EELV) et Violette Spillebout (LREM) arrivés respectivement deuxième et troisième (20,6%) dans les urnes, ont déposé le 3 juillet dernier une protestation électorale. Pour la Ville de Lille, les deux opposants de Martine Aubry ont remarqué des irrégularités dès le soir du second tour de juin et contestent les résultats de l’élection. Devancé de 227 voix par la candidate PS, l’élu des Verts parle d’un enjeu démocratique. Violette Spillebout est transparente sur l’avancée de sa plainte. Avec son collectif Faire Respirer Lille, elle dénonce des irrégularités dans la campagne de la maire, dans les financements, et dans les signatures trop différentes entre le premier et le second tour. De lourdes accusations reposent sur l’hôtel de ville. Si celles-ci sont acceptées par le Tribunal de Lille, les habitants de la métropole devront voter une fois de plus en 2021. Un dossier à suivre alors que les élections (régionales et départementales) de 2021 se retrouvent menacées par la Covid-19.

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